jeudi 28 juin 2018

Le Ring : Débat "Fin" Mai & Début Juin.

En Grande Discussion… 

C’est vrai que le CSAU a dû chambouler certaines perceptions du caractère ? 
Le CSAU en lui-même n’est pas problématique, si un juge qualifié et connaisseur délivre le certificat. Le problème survient si le juge par excès de zèle va trop loin, j’ai vu de mes yeux un juge arracher la laisse des mains d’un concurrent. Alors comment te dire… sur certains chiens d’antan, nous aurions dû faire une pause pour que le Monsieur reprenne ses esprits (rires). Je plaisante évidement, car tu te doutes bien qu’à l’époque, si un conducteur te disait « reste là, n’approche pas trop », tu avais tendance à l’écouter. Blague à part, au jour d’aujourd’hui et pour le CSAU, je pense qu’il faudrait créer des formations avec des études de race, ceci pour éviter une uniformisation. Un Malinois n’est pas un Golden Retriever n’est-ce pas ?
Pour éviter un amalgame, il faudrait faire une distinction selon les races ? 
Sans aller si loin, un simple explicatif sur l’approche de l’exercice suffirait. Après pas d’amalgame en ce qui concerne l’amalgame (humour). Il s’agit de juger un Malinois pour ses aptitudes au travail et au sport, il ne faut pas tout confondre et en élevage, lorsque l’on parle de sélection canine, il faut toujours se projeter, car n’oublions jamais que nous travaillons pour le long terme et que chaque décision se verra bénéfique ou catastrophique. Le CSAU est une uniformisation, or on ne peut pas uniformiser ce qui veut rester libre. Un vrai Malinois possède sa propre nature et c’est dans cette nature qu’il faut piocher. Pourquoi ? Parce qu’il y’a sa part d’innée, mais également une foule de conséquences. Si tu prends un chien lambda ce n’est pas un problème puisqu’il n’a pas les capteurs et les codes d’insertions étiquetés « sélection ». Du fait, tu achètes un brave chien de compagnie et c’est la loterie ? Par contre, tu ne peux pas la jouer comme ça avec un chien de compétition, parce que tu veux « un physique + un caractère ». Donc si tu souhaites définir un ensemble, tu vas analyser obligatoirement son schéma génétique ; d’où vient-il ? (Ring, RCI, Français, Belge, Etc.), puis tu te renseignes sur comment ses 2 branches « père-mère » ont évolué et enfin, tu dois savoir comment ils vivaient « maison, chenil, les 2 ou autre ». Une fois que tu possèdes un maximum de renseignement, tu établies un premier constat, si tu as un vieux rustique pas commode et bien tu le sais. La nature de ce chien n’est pas problématique si elle est dans de bonnes mains. Ce qui t’amène à une première réflexion qui stipule « chaque propriétaire de chien est responsable de son (ses) chien ». Je pense qu’il est même intéressant de le savoir en le notant sur ton carnet de travail. Exemple : chien ne montrant aucun geste d’agressivité en société, mais ne désirant pas se faire caresser par un inconnu. Texte signé et approuvé par le propriétaire. Le juge fait son travail, il le signale au conducteur qui signe « sa propre responsabilité » sur la gestion de son chien. Si tu échelonnes l’analyse du chien pendant le CSAU, tu vas t’y retrouver en tant qu’éleveur. Exemple : CSAU 1) chien éduqué & agréable en toute circonstance. CSAU 2) Chien éduqué, sociable avec l’homme, mais pas avec ses congénères. CSAU 3) Chien éduqué, ne faisant preuve d’aucune agressivité, mais ne souhaitant pas de contact avec un inconnu. Au moins, nous aurions une base de réflexion sur le caractère, car voyez-vous… vous avez des chiens sympas dans la vie, qui, une fois en situation se transforme !    
L'Etalon Malinois : INTO des 2 Sabres.

C’est-à-dire ?
Un chien d’utilisation dans la vie par exemple. Je vais vous parler d’un Malinois que j’ai beaucoup aimé et que j’aime toujours « Into des 2 Sabres ». Il était très agréable, mais à un point dont vous n’avez pas idée ! Sauf que Gilles Egert son propriétaire est un Maître-Chien, c’est son métier et lorsque Into portait sa tenue de travail (collier d’inter, muselière, harnais, etc.), ce n’était plus le même. Nous sommes en présence d’un Malinois qui sait faire la part des choses. C’est-à-dire que lorsqu’il est sur un Ring, il est sportif. Dans la vie… il est agréable et au boulot, c’est le boulot. Avec ce type d’indice, vous pouvez définir vos codes de sélection, puisque vous avez un maximum de données. Ceci est très important et ici je vous parle d’Into, mais je pourrais vous parler de Mustang ou de Dickson à Michel Pechereau et de beaucoup d’autres qui relèvent de plusieurs missions. 
Vous avez l’impression que tout n’est pas clair en ce qui concerne le CSAU ?
Non, je n’irais pas jusque-là, car il faut remettre le CSAU dans son contexte. Imaginez qu’à l’époque, on nous (les éleveurs-dresseurs) avait assimilé aux chiens d’attaque de type Pit-Bull et je ne sais quoi d’autre. Encore une brillante idée médiatique (rire), du coup, il a fallu trouver une parade pour prouver notre bonne foi. Ce n’est qu’après la mise en place d’un nouveau style d’examen qu’il faut en tirer un bilan. Aujourd’hui, ça fait un moment que le CSAU est en place, qu’en est-il des mentalités ? Pouvons-nous traduire un changement sur la génétique de nos chiens ? Ces derniers temps, j’ai discuté avec des Amateurs de Malinois et de plus en plus de propriétaires cherchent un chien sympa, pour ne pas dire « très » sympa. Là encore, il faudra faire attention sur l’avenir du Malinois et ne pas se concentrer que sur un et un seul pôle de caractère. Pour ça, redéfinir l’aspect du CSAU avec des termes plus précis permettrait aux éleveurs de ne pas tourner que sur le concept de chien sympa remis sur une lignée qui ne bronche pas, pour découler sur une famille de chiens qui exécute sans moufter, etc. « ça » les amis… ça ne va durer qu’un temps. Pour solidifier un caractère, il te faut un vecteur, un mental et une sélection propre à l’emploie. Si le Ring continue à baisser et si l’élevage ne sollicite plus les « Warriors » de jadis, nous irons sur de magnifiques prestations de dressage, mais plus sur une sélection type. Un chien classique fera l’affaire !
Et les conséquences ?
Les conséquences sont dues à la sélection du chien, si l’éleveur a fait son boulot, il peut te définir le comportement futur du chiot. On sait que le chien possède une lignée rustique de chiens d’extérieurs, qu’il est gardien et plutôt rebelle. Les conséquences de sa vie vont faire que tu vas garder ça où l’enlever petit à petit. Aujourd’hui, les éleveurs vont se référer uniquement à un sport, exemple le Ring et ne vont jurer que par ça… mais ton étude doit aller bien au-delà du Ring. Sinon, tu vas produire des chiens de Ring pour le Ring, mais qu’en est-il de la polyvalence ? De la rusticité ? De l’anatomie ? De la longévité ? En élevage tout doit coexister, il te faut des chiens complets et ceci est valable pour toutes les races de chien de travail, de sport ou d’utilité. A l’inverse, si tu prends un éleveur qui utilise que des chiens extrêmement durs ou estampillés comme tels, nous aurons le même schéma, en clair : ils seront inutilisables. La grande différence entre un éleveur lambda et un éleveur de chien de travail c’est qu’il doit toujours rester du bon côté de la barrière. Il doit élever de forts chiens, mais stables et pour ça, tu dois tout analyser.

CERDAN des 2 Sabres… Comme un Air de Famille. 

D’accord, mais c’est un boulot hyper difficile ?
Mais qui a dit que c’était facile ? On ne t’oblige pas à élever des chiens de travail, c’est un choix et ce n’est pas parce que tu as une sélection affirmée aujourd’hui, que par méconnaissance ou bêtise, tu as le droit de faire n’importe quoi. Que disent la majorité des utilisateurs depuis 10 ans ? Nous n’avons plus besoin des chiens d’antan… Ah bon et à ton avis les lignées que tu as actuellement viennent d’où ? Gagné des chiens d’antan, qui eux sautaient, dormaient dehors, vivaient jusqu’à 16 ans, etc. tout ça pour te dire que même si tu n’as plus besoin du vieux Malinois à gueule d’ours qui grogne dans sa grotte, respecte-le et ne t’éloigne pas trop de son schéma de base. L’élevage est ainsi fait et si tu disposes d’une pluralité de caractères, il faut s’en servir, non les interdire.  
Cependant, lorsque l’on mentionne le Ring : on parle de Sport non ?
Bonne question et à 80 %, la première réponse que va te donner un pratiquant est la suivante : c’est un jeu ! Partant du principe que c’est un jeu, nous devons en définir la terminaison car les axes sont multiples. Certes, c’est un jeu dans l’esprit « sport » du terme, c’est-à-dire que c’est un jeu viril, mais avec des codes sportifs parfaitement instaurés. Sauf-que ; le Ring au même titre que d’autres disciplines de dressage est surtout un art et ça ; à par Daniel Debonduwe personne ne le souligne ou rarement. Vous savez… la précision, le contrôle et la spontanéité sont souvent rattachés à des domaines artistiques. Ensuite, nous entrons dans l’aspect philosophique et là nous découvrons que le Ring n’est pas un jeu en tant que tel, c’est le jeu qui s’intègre dans le Ring "surtout en ce qui concerne la prise". C’est-à-dire que le jeu n’est pas la source de la discipline, puisque la source s’avère être la sélection canine. 



Tout démarre de la fameuse sélection ?
Oui et de ce fait, l’entreprise de jeu, au même titre que le sport, la santé, etc… font partis de la source, c’est-à-dire de cette sélection. Personnellement, j’ai connu des chiens et des chiennes qui ne jouaient pas du tout et qui travaillaient seulement dans le but de pratiquer une (ou des) discipline pour m’informer d’une pluralité de compétences, qui s’avèrent au finish un formidable développement d’aptitudes. C’est comme ça que l’on peut élever avec un regard lucide sur l’avenir. Ainsi, lorsqu’une autorité m’appelle pour me demander un avis, je peux par le biais d’une étude approfondie les diriger.
Par exemple ?
Lorsqu’un utilisateur me contacte, car souvent le Club de race donne mon numéro et dans le cas où il s’agit d’un militaire, d’un Policier, etc. je vais l’orienter sur des origines sélectionnées grâce à des éléments dit de caractère affirmé. S’il s’agit d’un sauveteur, Pompier, etc. je vais conserver le caractère évidement, mais l’élément jeu va également prendre une place importante. L’amour de l’objet, de la piste ou de la découverte vont entrer immédiatement en haut de liste. Si c’est un Berger de métier, la base de réflexion sera encore différente. Nous avons le cheptel et les disciplines pour analyser tout ça. En plus, nous avons les éleveurs pour parler justement, alors parlons une langue simple.


André Noël en Démonstration

Cela dit, ça peut paraitre compliqué pour un novice ? 
C’est bien pour ça, que d’emblée nous devons prendre les bons termes. Dans le cas d’un Malinois de travail ou de compétition, que se passe-t-il ? Le débutant va sur internet et il se met à lire tout un tas de commentaires « le Ring c’est le jeu », « mon chien partage ma vie, car c’est un amour », « il est sociable, gentil avec les gens, les chiens, les chats et les hamsters », « quand j’vais au parc, il n’attaque jamais les ptits canards dans la mare ». Tout ça c’est très joli, mais 1) qui a rédigé le message ? Parce que s’il s’agit de quelqu’un qui pratique, le chien est éduqué, donc il possède une bonne tenue chez vous, en ville et en société. Pour quelqu’un qui ne pratique pas, comment ça va se passer s’il touche un Malinois avec un caractère très affirmé ? Mince alors, le mien course les canards, les moutons et il vient de manger mon lapin nain !!! Il faut donc prendre les bons termes, le Malinois est un chien idéal si et seulement si, le propriétaire le comprend, le gère et reste juste. 
Il faudrait faire une campagne complète ?
Il ne faut pas inverser les rôles, c’est au futur propriétaire de faire un effort de compréhension, ce n’est pas à nous « les passionnés » d’évangéliser le peuple. Il faut que les gens se prennent en main, il faut qu’ils s’informent, pour ça : il y’a des clubs de race non ? Ensuite, il faut que l’éleveur reste à l’écoute de l’acheteur, etc. c’est un travail commun. A cause de toute cette négligence, nous allons attendre d’être en surpopulation canine pour prendre des mesures ? Vous ne croyez pas qu' il est nécessaire que chacun gère sa vie ?
Vous ne pouvez pas nier que le Malinois est entré dans les foyers ?
Mais l’un n’empêche pas l’autre, s’il est éduqué… vous pouvez avoir un Malinois ou un Berger Allemand chez vous. Les problèmes arrivent, lorsque les gens désirent un chien par rapport à ce qu’ils ont vu sur internet. Je dis et re-re-redis, le Malinois n’est pas un chien de compagnie ! A cause de son succès, tout part dans tous les sens et il faut recadrer les choses et surtout dire les choses, comme : nous avons trop d’ouverture aujourd’hui, les grandes lignes de sang sont fracturées et justement, il faut arrêter avec les « le Ring c’est l’jeu », « mon kiki, il dort avec nous », « il mange à table et il remue la queuequeue lorsqu’il est content ». Stop avec tout ça, un Malinois sélectionné pour le travail, le sport ou l’utilisation ça se mérite. Un chien n’est pas qu’une couleur, une taille, bref une image, c’est un tout. Il possède son histoire, sa philosophie, sa sélection et son mode de vie doit être lié à son esprit. Pour conserver son intégrité, il suffit de dire les choses clairement & simplement.

Monsieur François Lelevier avec Phaust de la Noaillerie 
Trop d’engouement peut tuer une race ? 
La tuer non, mais l’amenuiser oui. Nous « les cynos de ma génération », nous sommes battus pour ne plus avoir l’étiquette Chien de Défense au-dessus de la tête. Nous voulions avoir une autre appellation et Chien de Compétition fut trouvé. Vous savez qui en est à la source ?
Non ?
C’est Mr François Lelevier qui s’est toujours démené pour obtenir une lecture directe sur ce que l’on fait. C’est-à-dire de la compétition avec un chien génétiquement fait pour ça. Lui-même a poussé l’expérience très loin, puisqu’il a placé 2 Malinois chaque année dans 2 ou 3 disciplines « Ring, Campagne & Pistage », puis il ne s’est pas arrêté là… il a travaillé un Malinois du nom de Rocky, sur un programme de Ring Français & Belge. Autant dire que le terme « chien de compétition » relève d’un doux euphémisme, mais pour ça et pour en arriver là, il faut certes un grand bagage cynophile, mais il faut également définir, que dis-je… déchiffrer les caractères. Nous devons rester cohérent avec nos convictions, car à force de détourner la réalité fonctionnelle d’une phrase, nous finirons par nous mentir et un jour nos enfants croiront en nos mensonges. Le Ring est un Art, un Art Martial diraient certains ! C’est une discipline extrêmement difficile et par ce fait « le jeu » s’intègre dans le socle des valeurs souhaitées, mais l’âme du Ring ne se décèle réellement que dans l’identification des caractères. 


Le Malinois Belge ROCKY. 
Comment dirais-je… c’est un aspect « philosophique » du Ring ?
Tout sport, toute pratique à un aspect philosophique et visuel. Dans le doute, remontez à la base et découvrez l’étymologie de nos exercices, vous noterez un aspect aussi pratique que technique. Si vous désirez faire du sport avec votre chien, c’est très bien et je vous en félicite, mais pour ça ne détruisez pas ses racines. Exemple : vous croyez qu’un corps d’élite vient vous acheter un Malinois pour le jeu ? Certes cette notion lui sera utile, mais à la base, il cherche surtout un équipier qui ne va pas caler si le besoin s’en fait sentir. Le Malinois est le meilleur chien du monde parce qu’à la base il était fort « physiquement & caractériellement ». Les Cynophiles qui sont au départ de sa sélection ont vu un phénomène avec ses valeurs, ses qualités et ses aptitudes. De grâce ne changeons pas ça, parce qu’il aurait du succès comme chien de famille ou pour lisser le Ring dans sa phase la plus restrictive. 
Je suis d’accord, mais avouez que les termes : chien de travail, de sport ou d’utilité sont difficiles à intégrer parfois ?
Ils sont difficiles à comprendre chez les débutants, parce qu’il n’y’a pas d’information pour expliquer la subtilité des nuances. Nous avons de nombreux programmes qui prouvent les aptitudes de nos chiens dit de Travail. C’est-à-dire que par le sport nous prouvons le bien fondé de notre passion « élevage-dressage » d’où le terme chien de travail. Grâce à notre investissement dans le domaine du sport et donc, du chien de travail, nous fournissons une garantie pour les administrations qui cherchent des chiens d’utilisations. En France, nous avons d’excellents programmes qui permettent aux administrations de trouver les chiens qui certes, par « un dressage approprié » leur permettra d’évoluer dans leur métier, mais grâce à qui ou à quoi ? Grâce à la difficulté des exercices ! Sauf que si vous niveler la discipline par le bas, vous ne permettrez plus aux administrations de trouver l’équipier idéal pour partir en mission. Que feront-ils ? Ils iront acheter leur chien en Hollande ou au Verbond, pourquoi ? Parce qu’ils ont conservé l’esprit originel du chien de travail, c’est aussi simple que ça.

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