Entrée simpliste en Mondio sur Clash des 2 Sabres.
Au
fait, pourquoi dans certaines disciplines le « tarde à lâcher » est-il autorisé
et il ne l’est pas en Ring ?
Parce qu’à la base, certaines
disciplines notent ou travaillent la prise en gueule. De ce
fait et pour que l’ensemble puisse jouer à égalité, cette tolérance de
cessation fut admise.
Vous
êtes pour cette tolérance ?
Pour le Mondioring « oui »,
pour le Ring Français « non ». Un chien de Ring doit avoir des
cessations nettes et précises, je ne vois pas pourquoi ça changerait ? Si nous
voulons retravailler des pénalités sur le mordant, il y’a mieux à faire, comme
: le départ soutenu à 15 points par exemple. Si le départ à une telle
importance, que dire de la cessation ? Sauf que, lorsqu’un chien anticipe le
retour pourquoi celui-ci n’est pas pénalisé de 15 points ? Imaginez un chien
pénalisé d’un départ soutenu réalisant une superbe attaque, c’est-à-dire qu’il
ne se fait pas esquiver, il est combatif, propre dans sa prise et net sur la
cessation, il perd 15 points de face. Vous prenez un chien fébrile ne finissant
pas l’attaque de face et bien, il a plus de points. Le jour où ce type de chien
sera sacré champion, nous aurons créé ce que nous détestons le plus ! Cela dit,
nous poussons le Ring dans cette direction, toujours plus bas, toujours moins
haut et surtout moins fort.
Travail Viril sur l'entrée certes, mais respect du chien dans l'attitude. Bravo !
Les
éléments de sélections seront de plus en plus difficiles à discerner ?
En fait et là, je ne vais
parler que pour le Malinois, il y’a une règle simple et fondamentale : la
longévité du Malinois est comme de la pâte à modeler, vous pouvez la malaxer et
lui donner plusieurs formes. Pour aller vite, vous avez plusieurs types de
Malinois, ça démarre du rebelle dur à cuire au pot de colle. Cet éventail va
vous permettre de sélectionner votre ligne d'élevage en fonction des
différents caractères. Si vous ne faites pas attention à respecter cet
équilibre, vous détruirez le cheptel. Je vois aujourd’hui, des éleveurs qui ne
font plus attention à la rusticité, au vrai caractère, au fond, bref… ils ne font
plus attention à la véritable nature du Malinois et à force d’être laxiste, il
lui manque de respect !
Il
lui manque de respect ????
Oui cher ami, lorsque
l’on élève une race, ici en l’occurrence une variété, il faut savoir de quoi on
parle. Le Malinois n’est pas un chien de compagnie, les post du genre « mon
Malou, mon Minou, mon toutou » sont consternants… je ne sais plus quoi dire
lorsque je vois des Malinois vautrés sur des canapés, pire dans des lits.
L’autre jour, j’ai même vu une vidéo d’une famille qui donnait à manger à leur
Berger Belge avec une fourchette. Voyez-vous, si vous habituez votre Malinois à
ça et que vous le fassiez reproduire avec des femelles également éduquées dans
cet optique, dans 20 ans vous aurez défiguré le vrai visage du Malinois. Il
n’y’aura plus qu’une poignée de véritables Malinois et cela grâce aux vrais éleveurs
qui auront étudié la race.
Vous
êtes contre la vie de maison ?
Non, bien sûr que non, je
ne suis pas contre la vie de maison… mais il y’a des règles : un chien n’est
pas un enfant ! Dans l’idée où quelqu’un aime vivre avec son chien en le
maternant et en voulant pratiquer un sport canin, il y’a des races plus flexibles
? Un Malinois c’est le feu, la foudre et le tonnerre, bref ce n’est pas le gros
Malou à sa maman ou à son pépère. D’ailleurs, la première fois que j’ai entendu
ce mot « Malou », inconsciemment j’ai frémi. Il m’aura fallu quelques
années, mais maintenant je sais pourquoi.
L'Equilibre s'analyse grâce à la stabilité de prise : André Noël.
Pourtant
et heureusement que nos Malinois sont équilibrés aujourd’hui ?
Ah… je m’y attendais à
celle-là, qu’entendez-vous par équilibré ? Certaines personnes disent
« sociables » également, alors de grâce ne confondons pas tout. Comme
je le répète très souvent « équilibrer ne veut pas dire gentil » et
« sociable ne veut pas dire soumis ». Chaque chien, qui plus-est un
Malinois est à la base un chien au caractère très prononcé. Chez moi par
exemple, j’ai eu des Lices pas commodes et des sympas, mais voyez-vous… les
deux styles étaient éduqués. Ce type de nuance m’a permis d’élever en
complémentarité, c’est-à-dire en conservant le caractère, car je souhaitais
avant tout, conservez un juste milieu.
J’ai
un peu de mal à saisir ?
En fait, si vous n’élevez
que sur un seul pôle, vous allez très vite scléroser votre famille. Pour
prétendre élever des chiens d’utilités ou de sports, il vous faut dés le départ
des caractères, or ils ne sont pas tous fort caractériellement et sympa dans la
vie. Vous aviez jadis des Malinois au caractère épouvantable dans la vie, mais
d’un apport indéniable en élevage. Vous ne pouvez pas écarter un Malinois qui
réalise 60 points de sauts sans forcer, qui répond aux ordres et qui démastique
en intervention sous prétexte qu’il ne souhaite pas être caresser par un
étranger ! Ce n’est pas comme ça que l’on procède en élevage, on regarde
tout de A à Z et si vous élevez consciencieusement, vous apercevrez bien vite
qu’il vous faut les 2.
Mr C. Sengelin & le Champion Vico de Turenfels.
D’accord,
mais imaginez qu’un chien à fort caractère tombe dans les mains d’un
novice ?
D’où ma réflexion
« le Malinois n’est pas le chien de Mr Toutlemonde », mais si vous
allez chez un vrai éleveur, ça n’arrivera pas. De plus, le chien va se stabiliser
si vous le faites travailler. D’ailleurs, que vous preniez n’importe quel
caractère, de toute façon il faudra l’éduquer, mais attention, ne vous méprenez pas ; je ne revendique
pas le retour des chiens de la casse (rires) ! Je parle de caractère affirmé,
qui comme le facteur "d’équilibre" est très ancien. Personnellement, j’ai
toujours connu des Malinois équilibrés, surtout dans les lignées de travail.
Cependant vous aviez également des types électriques qui par un excès de
nervosité accentué une sensibilité. Cette sensibilité pouvait être traduite différemment
« sensibilité sur le Maître » ou « sensibilité dans la
vie ». Les chiens sensibles ou méfiants dans la vie se sont exclus
eux-mêmes de l’élevage, car même avec de l’indulgence (grâce à quelques
aptitudes), ils n’intéressaient guère les puristes. Ceux sensibles sur
le Maître relevaient d’un autre problème, car cette sensibilité s’estompait étrangement… en
partant aux attaques (Humour). De plus, le problème « électrique » de
certains était lié à sa lignée, une fois la sélection établie… le problème a
disparu. La sélection canine sert à un maximum de choses, la preuve ! Le
fait de pratiquer est nécessaire, il faut travailler avec un chien de lignée
utilisation, car le laisser dans un jardin sans activité est un crime. Le BEA
ferait mieux de surveiller le genre de personne qui achète un Malinois pour l’empêcher
de travailler, plutôt que ceux qui en achètent un et qui prouvent le bien fondé
de sa lignée. Franchement, plus je vieilli et moins je comprends mes concitoyens (soupir…).
Reprenez-moi
si je fais une erreur, mais à vous écouter… ce nouveau mode de vie (pour un
Malinois) risque de chambouler sa culture et donc sa génétique ?
Absolument, nous avions
jadis des bons chiens, parce que la vie nous poussait à l’excellence. On allait
à tel endroit pour voir un champion réaliser une garde d’objet de folie, à un
autre pour applaudir une prouesse de saut. On n’hésitait pas à changer de pays
pour applaudir les grands Malinois NVBK, St Hubert ou Hollandais. C’est comme ça que nous avons construit le
cheptel, d’ailleurs, la plupart des éleveurs travaillaient sur le style
pyramide et c’est ce que j’ai fait également. Nous avons brique par brique
monté l’édifice et les Malinois de l’époque portaient sur leur type, la
signature de l’élevage. C’est triste qu’aujourd’hui, les jeunes générations ne
s’inspirent plus de cette méthode…
Les 2 Sabres : Première Portée "Cathy & Badge des Loups Mutins".
Pourtant
l’élevage en pyramide est d’une assise solide, d’ailleurs pouvez-vous nous
donner un exemple ?
Il est d’une forte
assise, s’il est entretenu ? Prenez mon cas, lorsque j’ai élevé, je suis parti
avec des fondations en béton. Ma première lice « la mère des mères » était une
femelle exceptionnelle : anatomie, physique & caractère = 100%. Je l’ai
évalué en aptitude, en qualité et en valeur, de ce fait j’ai accentué ses
qualités et j’ai renforcé ses valeurs. C’est-à-dire, elle sautait bien, j’ai
fait en sorte que sa descendance saute encore mieux, c’était un bon 3/4 gueule,
j’ai fait en sorte que sa descendance pousse encore plus, elle était têtue
(très têtue), j’ai fait en sorte de corriger ça, etc. dans la vie, elle ne
supportait aucun congénère, c’est un problème que j’ai eu beaucoup de mal à
gérer, car ses fils & filles m’ont confirmé cette problématique. Alors ça
ne mange pas de pain de demander aux propriétaires des étalons employés,
comment se comporte votre Malinois avec les congénères ? Dans l’idée où l’un
des proprios m’indiquent qu’il est imbuvable avec les autres chiens, je vais sacrément
réfléchir avant de faire la saillie et bien pour le reste, c’est pareil. Par
exemple, étant d’une lignée « Rep-Cuik » donc typique au Ring Français, je l’ai
placé face aux artifices, au travail à l’eau à la piste etc. puis cette
première évaluation terminée, j’ai défini un protocole d’élevage sur deux pôles
« 1 son physique & son caractère liés », « 2 ses origines ». Suite à cela,
j’ai cherché 3 ou 4 étalons qui pourraient lui convenir, mais pas seulement.
C’est-à-dire que les étalons choisis devaient également servir pour ses filles
et les filles de ses filles.
D’accord,
je comprends mieux votre chemin et vous avez utilisé Badge, Voltaire &
Ultra c’est bien ça ?
Presque, sur ma première
Lice Cathy (Rep-Cuik), j’ai utilisé Badge. Puis sur la descendance de
Badge/Cathy, j’ai utilisé Voltaire. Sur Cathy, j’ai également utilisé Voltaire,
ce qui m’a donné une triangulation dans mes analyses, car j’ai fait de même
avec Ultra. Si bien que vous aviez des Malinois avec cette configuration qui
avaient de nombreuses qualités, mais également des défauts. Trop d’influx chez
certains, une sensibilité sur d’autres, il a fallu que je détermine qui m’amène
quoi ? Ce qui a été facile à déterminer avec ce principe, puis, par la suite
j’ai rapporté ce qui me manquait avec Itusk & Ivan, ce fut bénéfique car
ils ont conforté mon assise. Enfin, il ne me restait plus qu’à trouver des fils
dignes de leur père pour poursuivre, car malheureusement ils ne sont pas
éternels, j’ai dû sillonner la campagne (rires…).
Et
vous avez trouvé ?
Pour Rep, j’ai trouvé
César (Rep, Octane), pour Itusk j’en ai trouvé 2 « Drakkar & Japan », puis
Bosco de Las 4 Estaciones, pour Ivan évidement Ely (Ivan, Rep, Robin)
que j’ai connu tout jeune, pour Ultra j’ai trop hésité entre 3 « Glen, Fausto
& Sidney » et pour Voltaire… je me suis rabattu sur le fils de son frère.
VARAK du Baulois
Ah…
Voltaire avait un frère à haut niveau ?
Un frère oui, du nom de
Varak, mais également une sœur Vulla. J’ai donc choisi un fils de Varak/Robin,
Eros du Clos du Richaumoine, mais coup de chance ou destin appelez ça comme
vous voudrez, je suis tombé sur Goupil « Bass, Robin & Ultra ». Il avait le
concentré que je cherchais et ça a relancé ma dynamique. Cependant, je
souhaitais aussi utiliser mes étalons et pour cela, il me fallait des Lices
étrangères à ma lignée. J’en ai trouvé en Belgique & en France,
malheureusement elles n’ont pas toutes été à la hauteur, ce qui m’a beaucoup
contrarié. J’ai remonté une lignée convenable, puis j’ai décidé d’arrêter et de
passer la main.
Vous
avez cédé votre affixe à Mr Fabrice Basnier ?
Oui et j’en suis très
heureux, car il travaille vraiment bien. Parfois, il me fait parvenir des
vidéos et je revoie certains de mes chiots, notamment sa branche sur Voltaire,
car il a poussé à fond sur Voltaire, c’est magnifique… Vous savez, la
continuité d’une lignée est parfois plus difficile à concevoir que sa création.
Par exemple à mon époque, sur un de mes pedigrees ont trouvé Voltaire, Badge,
Rep & Cuik ou Bass, Badge, Ultra, Rep ou encore Itusk, Badge, Snap, Rep
& Robin comme ça d’un bloc, c’était des noms très forts, mais il fallait
surtout qu’ils soient compatibles ! J’ai fait des tentatives avec d’autres bons
étalons dont un axe Cheyenne quand même et sur ma première lignée ce n’était
pas aussi bon que ça. Par-contre sur l’autre lignée que j’avais, c’était super.
J’ai passé quelques nuits blanches à l’époque…
C’est
si difficile que ça et malgré une base en béton ?
L’élevage est aussi
intense que difficile. Lorsque vous êtes dans votre truc, vous êtes
imperméables aux conseils… c’est un tort, la preuve sur la continuité de ma
première lignée, c’est Philippe Desamblanc qui a trouvé la solution. Il a
réussi rapidement où j’ai passé 2 ans à chercher. Sur l’axe Goupil-Badge, il a
soudé Loubard des Loups Mutins, bon sang… lorsqu’il m’a expliqué ça, j’en suis
resté bouche bée.
Mr Patrice Foucault & Loubard des Loups Mutins.
Puis,
ce fut au tour de Fabrice ?
Oui et Philippe comme
Fabrice ne cessent de progresser. Aujourd’hui, ils sont cités parmi les
meilleurs « éleveur-dresseur » et ce n’est que justice, car ils sont
très forts & complets. On peut évoquer plusieurs disciplines, techniques de
dressages, costume, etc. Autant dire que j’aime beaucoup suivre leur travail,
j’apprends continuellement avec eux et je suis très admiratif !
Vous
pensez que l’on ne peut pas être bon indéfiniment ?
Oh si, la preuve avec des
élevages comme Le Calvaire aux Acacias, Les Contes d’Hoffmann, le Cami de
Catheric et d’autres… je site ces trois élevages parce que je suis également
très admiratif, mais lorsque vous élevez, il y’a différents éléments qui vous
propulsent : la motivation, l’amour du travail bien fait, le bonheur d’évoluer
avec des chiots, etc. bref le feu sacré. Un feu qu’il faut entretenir et
personnellement, ma santé m’a fait trop souvent défaut. A un moment, il fallait
bien que je me rende à l’évidence, je ne pouvais plus. Etant un Amateur pur
& dur, je souhaitais être le plus proche de mon règlement, qui est : pour
élever des Malinois, il faut la santé d’un Malinois (rires…) je plaisante,
personne n’a la santé d’un Malinois !!!
Mr Pascal Chenevière VS Eros du Clos du Richaumoine.
Santé,
rusticité, résistance & polyvalence sont des mots chers à vos yeux ?
A notre époque, il est
dommage que de nombreux pratiquants n’aient pas compris l’importance d’une
sélection sur la polyvalence. En reconnaissant le Ring comme unique héritier
des valeurs fondamentales, ils ne renforcent qu’une vision hémiplégique d’une
sélection qui devrait se renforcer par l’ouverture. La création de cette
variété s’est faite par la Belgique, la Hollande et la France. Il faut
poursuivre cet effort en analysant les meilleurs Malinois de ces 3 nations
comme nous le faisions jadis et cerner les sangs pour en définir des véritables
aptitudes.
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