Lorsque
l’on mentionne le mot Ring, l’on dit souvent qu’il y’en a que pour le Malinois.
Qu’en pensez-vous ?
Comme je le re-re-répète
et c’est ce que j’ai tenté d’expliquer à votre collègue tout à l’heure (voir
ci-dessus) le Malinois (avec le Groenendael) est à la base de la création de
notre discipline, il est logique qu’il en soit le plus grand témoin
aujourd’hui.
Mais
encore ?
En 1891, une révolution
cynophile va déferler sur la Belgique « naissance des variétés, identification
du standard, etc. », puis des bouleversements (liés à la Belgique) ont obligé l'analyse du BB loin des troupeaux. Pour cela et grâce (ou à cause) de l’urbanisation
certains BB vont travailler dans d’autres domaines « chien de trait, de Cour et
de Police ». Pour définir une pluralité d’aptitudes un programme sera mis en
place, puis un second. Les 2 programmes de base, nous les devons à Mrs Vander
Snickt & Huyghebaert (2 précurseurs cités dans les historiques du Berger
Belge). En
continuité le Kennel Club Belge va travailler sur un Grand Prix et par répercussion
« nous » Français, allons hériter du Ring Belge pour établir notre Ring
Français.
Monsieur L. Vander Snickt.
Et
pour le BA ?
On peut être totalement
épris d’une race et reconnaître le talent des autres. Le Berger Allemand est un
excellent chien, j’en ai travaillé de différentes souches et j’en ai vu
beaucoup en compétitions Européennes. Cela dit et même si j’ai étudié cette
race, je ne suis pas suffisamment qualifié pour donner mon avis. Voyez-vous…
aujourd’hui, tout le monde donne son avis sur tout et ce n’est pas parce que
vous avez une femelle que vous êtes éleveurs, ce n’est pas parce que vous avez
un chien de lignée de travail que vous êtes un cynophile et ce n’est pas parce
que vous êtes en Ring 3 que vous pouvez donner votre avis sur un changement
d’exercice. Pour donner son avis, il faut avoir travaillé très sérieusement le
sujet, c’est-à-dire : pratiquer évidemment, soupeser votre travail
« non pas avec le regard de ce que fait votre chien », mais avec un
regard sélectif de ce qu’il devrait savoir faire et enfin, maitriser
l’historique pour connaître le socle de l’aptitude souhaitée. Une fois
assemblés, ces éléments seront une bonne base de débat.
En
effet, il faut du métier ?
Encore heureux, car si
demain un jeune Ringueur sous prétexte d’avoir un champion ou un dirigeant sous
prétexte qu’il a le pouvoir : se permettent de dicter leurs propres lois
au détriment d’une logique cynophile où va-t-on ? Le Ring existe depuis
plus d’un siècle, il faudrait quand même connaître un minimum son
fonctionnement avant de tout chambouler. Je lis souvent sur les réseaux sociaux
« je suis pour la palissade comme ci » « je suis contre le
parcours comme ça », ah bon... et par rapport à quoi ? L’autre jour, des
Ringueurs parlaient du bâton, et il faut faire ceci et il faut enlever cela,
etc. ils m’ont demandé mon avis et je leur ai répondu « vous savez
pourquoi nous avons un bâton ? et pourquoi il est en bambou aujourd’hui ? ».
Non m’ont-ils dit… commencez par là et vous y verrez plus clair (rires), c’est
toujours plus simple lorsque l’on connait les bases.
Les Chiens de trait bénéficiaient d'une législation particulière.
Je
suppose que pour les sauts c’est pareil ?
Chaque exercice mérite
une réflexion sur son utilité. Cette valeur utilitaire doit être liée à une
qualité, puis formulée en termes d’aptitudes. Si tu ne raisonnes pas en termes
de sélection canine, à quoi te sert l’exercice ? Une fois la situation
clarifiée, il faut définir la bonne rétribution de point et éclaircir les
pénalités. Prenons en exemple la haie et le fossé, en 1) nous enlevons le petit
fossé de la haie, mais nous conservons le même pointage. Pourtant une haie sans
le petit fossé est nettement plus facile… en 2), nous laissons la longueur à
4m50 avec un sautoir bidon, lui aussi rétribué de 20 points et bien continuons
dans notre bêtise « plaçons un plan incliné » à la palissade, comme
ça le chien n’aura plus besoin de travailler ou de réfléchir sur la descente. Bref,
aidons-le au maximum, mais donnons-lui quand même les points. En conclusion,
quel est l’intérêt de régresser tout en conservant le même pointage ? Palissade,
Fossé, Haie… même combat donc ?
Cela
dit, pour la Haie & le Fossé, les organisateurs ne trouvaient plus de
stades qui auraient accepté que l’on creuse des trous ?
Ceci n’est pas vrai, ce
qui est vrai : c’est que certains stades n’acceptaient pas certains trous
et alors, où est le problème ? Il suffisait simplement de les creuser à côté ou
de ne pas en creuser du tout. En fait, nous aurions dû avoir le choix : dans le cas où un dirigeant nous invite à la
réflexion « chers amis cynophiles, nous avons beaucoup de mal à trouver des
stades pour la finale, alors voilà ce que je vous propose. Dans un premier
temps, nous allons travailler sur de nouveaux types de sauts. Il faudra vous
familiariser avec, mais si l’organisateur est d’accord, nous garderons nos
fosses. Ainsi, vous devrez entrainer sur les 2 jeux de sautoirs, certes ça vous
oblige à travailler d’avantage, mais grâce à vous et à cette diversité d’agrès…
nous pourrons identifier les vrais sauteurs ». Avons-nous fait ça ? C’est
triste, mais nous avons fait le contraire, nous avons outrageusement stéréotypé
nos sautoirs et par répercussion nos sauteurs, jusqu’à rendre la situation
stupide puisqu’en plus nous avons accentué la mise en place et enfin, au-delà
de cette stupidité… nous allons maintenant entamer une sérieuse régression en
limitant la palissade à un aller simple, voire deux avec une balancelle. A
votre avis, nous allons parler de sélection canine pendant encore combien de
temps ?
Certes… les 1er Malinois aimaient vraiment sauter !
D’accord,
mais la sélection canine n’appartient pas qu’aux sauts ?
La sélection canine
dépend des fondamentaux de sélection, puisque le Ring éxige une
multitude de ses fameux fondamentaux. Si vous les fractionnez… vous n’avez que
des bribes de qualités et si vous voulez identifier des aptitudes, vous ne
pouvez pas vous contenter de bribes, mais bien d’un ensemble de qualités qui
forme l’aptitude. Dans le cas où vous amputez les qualités, c’est-à-dire sans
un regard complet et définitif des qualités souhaitées pour l’analyse des
exercices de sauts, vous perdez 20, 30 ou 40 % de l’aptitude. C’est ce que nous
faisons depuis 1992 et malgré, l’alarme que je tire depuis des lustres,
personne "en haut lieu" ne semble paniquer !
D’où
ta réflexion : le Malinois ne supportera pas la médiocrité ?
Malheureusement, je
constate et je n’invente rien : régression de sauts, moins d’interventions
viriles, plus de pénalisations à l’AG, augmentation de l’obéissance, absence de
rusticité, etc. que voulez-vous que je vous dise ? Le Ring Français a toujours
été la vitrine chez nous, mais également ailleurs, car de nombreuses nations
respectaient notre travail. Nous avions des échanges avec les grands dresseurs
Belges, Hollandais et Suisses. Les discussions étaient parfois enflammées
(rires…), mais en ce qui concerne « les sauts », chaque pays étaient
unanimes : en France, il faut un sauteur.
En
Belgique aussi ?
Oui bien sûr, mais ils
n’avaient pas 2m50 A/R à la palissade avec nos mises en place, ils n’ont pas le
fossé à 4m50 non plus, par-contre… ils ont 4 sauts et ça c’est
magnifique ! D’ailleurs, les Belges ont toujours été précurseurs et grâce
à eux, l’élevage du Malinois fut constamment amélioré. Les travaux des éleveurs
comme Mrs Vansteenbrugge ou Lebon ont apporté un renouveau chez nous et cela,
lorsque nous en avions vraiment besoin. Aujourd’hui, le Malinois est devenu
populaire, trop populaire et de nombreux amateurs de cette variété vivent sur
des acquis… des acquis typiquement Français et si notre discipline devient
« une contrefaçon » de notre Ring de jadis ; les vrais Malinois ne
supporteront pas ça, nous aurons alors une dangereuse mutation.
Tu
veux dire que des étalons passeront à la trappe ?
Oui, car personne ne fera
l’effort d’analyser un vrai Malinois s’il ne fait pas 380. Tu vas rencontrer de
temps en temps « un vrai caïd » qui fera un super pointage, parce que le Maître
sait dresser ce type de Malinois. Autant dire que si notre politique ne change
pas, nous irons de plus en plus sur des chiens plus souples caractériellement,
que forts.
Mr François Lelevier & Tzar de Ventadour
Ceci
est valable pour de nombreuses disciplines, je me trompe ?
Non, vous avez raison.
Les Ringueurs se montent le bourrichon avec le Ring Français et certains
dénigrent d’autres disciplines, ils ont tort ! J’ai vu de l"’excellence" partout encore faut-il ouvrir les yeux. Prenez le Mondioring par exemple et là
encore, je vais m’en tenir qu’aux Bergers Belges et bien, croyez-moi… il y’a un
panel dés plus intéressants en ce qui concerne l’Europe et même la planète,
mais qui s’y intéresse vraiment ? Le Mondioring est devenu une discipline
très difficile « polyvalence, force, fulgurance, adaptation &
écoute » sont nécessaires. Pour comprendre cette discipline, il faut la
pratiquer et si possible, puisque nous sommes en France pratiquer les 2, c’est-à-dire
Ring & Mondio. Ce n’est que là que tu réalises vraiment, j’en veux pour
preuve que lors de cette fameuse discussion « sur le bâton » ;
un Ringueur me soutenait que l’entrée de la face Mondio était trop facile !
Sauf-que rien n’est facile lorsqu’un H-A connaît parfaitement son boulot, j’ai
vu en Mondio un barrage avec 2 bâtons, certes ce n’est que 2 bambous… mais il
faut quand même les passer, surtout après un obstacle !
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