jeudi 5 juillet 2018

Questions-Réponses : décembre 2017, janvier 2018.

Lorsque vous mentionnez cette régression aux sauts, quels ont été les principaux facteurs ?
- Il y’en a eu plusieurs. J’ai d’ailleurs envoyé un rapport à mon Club de race et au GTR. A l’époque c’était Mr Gladieux le président du GTR, je lui ai fait part de mes inquiétudes, car nous avions une baisse évidente de qualité sur les 3 sauts. Est-ce que ça venait de nos sautoirs, de nos mises en place ou simplement d’une mauvaise sélection ? Là était la question.  

Saut de Fossé en Belgique ici MARCO.

Du fait, vous avez une idée ? 
C’est un ensemble de tout ça. Comme je l’ai expliqué dans le texte et de vive voix, nous avons mal négocié les changements de sautoirs, nous avons accentué les mises en place et pour finir, nous avons sclérosé le dynamisme. C’est triste à dire, mais aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de grands sauteurs pour obtenir 58 ou 60 points de sauts, puisqu’il n’y a pas de réelle performance. Il suffit juste d’acquérir un bon chien de travail sélectionné dans le cheptel Utilisation et voilà. La preuve, il nous faut même un plan incliné en Ring Français, alors que nous étions la vitrine mondiale… c’est dire !
Le fait de placer un plan incliné en Ring a dû interpeler un maximum de cynophile, car en Mondioring il existe depuis la base ?
C’est vrai, mais c’est une discipline différente. Le Mondio étant international, sa vision est surtout axée sur l’adaptabilité du chien. De ce fait et si nous prenons un exercice complexe comme le franchissement d’une palissade, la polyvalence « du Mondio » dans son aspect global prend le pas sur une performance démultipliée. De plus, je vous rappelle que lorsque le Mondioring est né (1986-87), notre palissade était à 2m50 A/R, nous étions le seul pays à pratiquer de la sorte. Pour pouvoir instaurer une discipline internationale avec un minimum de nations pour concourir, il a fallu faire des compromis… quitte à revoir dans le temps des exercices à la hausse. Malheureusement de nombreux exercices furent revus à la baisse, surtout ceux d’un niveau purement physique (la face bâton par exemple). A l’inverse d’autres sont devenus hyper-techniques comme la défense ou la recherche par exemple. Les sauts n’ont pas vraiment bougé, une haie fixe, une longueur factice 4m et une palissade à 2m30 avec plan incliné. Cette notion de 3 sauts avec ce type de normes convient à de nombreuses nations qui n’ont pas notre culture, mais pour nous Français ça ne reste qu’une base et certainement pas une performance.  


Entrainement à la longueur avec la Championne Extra des 2 Sabres

En fait, c’est compliqué d’analyser toutes ces annotations et surtout dans tirer des conclusions ? 
Non, tant quelles sont claires. Par exemple, nous savons qu’en Belgique, il y’a plusieurs fédérations. A la St Hubert, ils procèdent avec un plan incliné, au NVBK non. En fait, ils ont une palissade A/R à 2m20, puisqu’ils partent du principe que si leurs Malinois (ils n’ont que des Malinois au NVBK) passent 2m20, ils passent aussi 2m30, etc. puisqu’ils encouragent… pour eux, la vision de la palissade n’est pas dans la performance pure, mais dans la réalisation globale de l’exercice, en clair le Malinois « doit faire » quoi qu’il se passe. Chez nous, il y’a trop de protocole, le Maitre doit faire ceci, se mettre comme ça, etc. 
Ils encouragent… c’est-à-dire ?
Ils ne sont pas figés comme chez nous. En Belgique, tu peux faire un geste par exemple. L’action est tolérée, alors bien sûr sans excès, car il faut rester Pro dans ta conduite. Alors qu’en France, le moindre clignement de l’œil est strictement interdit ! Nous avons atteint un tel niveau de bêtise dans les interdictions que ça en devient risible, pire les pénalités sont contreproductives. En voici un exemple : lorsqu’un problème surgit quelque part, il faut être en mesure d’en expliquer la cause. Aujourd’hui, combien d’éleveurs sérieux épluchent les sauts ? Jadis, la partie saut était ausculté avec soin, car la conception de nos sauts était parfaite, pas facile certes… mais pas infaisable non plus ! Seul un vrai compétiteur affichait 60 points de sauts, il ne restait plus qu’à savoir s’il s’agissait de 60 d’entrée ou 60 en deux fois ? Etrangement le nombre de points reste le même. Pouvons-nous dire que l’effort n’est pas rétribué convenablement ? Sans doute, puisqu’ il y’a peu, j’ai vu des Malinois sic… sauter en 2 ou 3 fois, chaque obstacle : je n’en revenais pas !!! Oh les mises en place étaient belles, le métrage était savamment calculé et le conducteur au garde-à-vous. Sauf, qu’avant de positionner ton doigt sur la couture… assure toi que ton chien sait descendre la palissade convenablement bonhomme. A trop se regarder on en oublie parfois l’essentiel, certes une belle mise en place c’est joli, mais si ton chien n’est pas fichu de descendre sans se faire mal, elle sert à quoi ta superbe mise en place ? 


En 1988 avec Audin du Manoir d'Ardivilliers. 

Il en est de même, si le chien n’obtient pas les maxi ? 
Absolument, un doigt sur la couture n’a jamais fait le sauteur et le plus drôle dans l’histoire, c’est qu’un juge va te pénaliser au moindre mouvement de tête, par-contre si ton chien passe la palissade tant bien que mal ou n’importe comment… tu n’es pas pénalisé, logique quand tu nous tiens (rires…). 
Pourtant, la hauteur de la palissade est reproposée à 2m50 ; c’est étrange non ?
Ce qui a décontenancé les Ringueurs, c’est qu’au départ « la descente » n’a jamais posé de problème. C’est « l’aller à 2m50 » qui fut condamné parce qu’il était « soi-disant » dangereux. D’ailleurs, à l’époque 90 % des Ringueurs ont trouvé ça très bizarre. En fait, il n’y’avait rien de dangereux, puisque nos chiens étaient préparés en fonction et quand je dis nos chiens, j’englobe les Belges, les BA, les Beaucerons, Les Bouviers, etc. du reste, lorsque l’on veut travailler avec des chiens performants, il faut de la performance… c’est aussi simple que ça. Pourtant, la performance fut retirée et 25 ans plus tard, on se dit qu’il faudrait la remettre. Du coup, les pratiquants se questionnent, il n’y a rien d’étrange ?
Jusqu’à faire une pétition quand même ?
Parce qu’à la base, le projet fut mal expliqué. D’ailleurs, l’ensemble des projets concernant le Ring est systématiquement mal expliqué et ceci depuis 40 ans. Je ne sais pas qui s’occupe de ça, mais il ou elle se plante à chaque fois. Lorsque l’on veut faire évoluer une discipline, il faut déjà la maitriser, ensuite il faut savoir s’encadrer et enfin, convoquer le GTR, des membres de CU de club de race et faire une réunion avec des personnalités influentes de la SCC, tirer un rapport précis et le proposer en lecture avec des explicatifs appropriés. Si chacun bricole dans son coin, c’est peine perdue. Honnêtement je ne sais plus quoi penser, car en France nous avons encore quelques grands anciens, des experts de race, des experts par discipline, des éleveurs et des dresseurs de très haut niveau et on ne les sollicite pas ? Pire en France, nous n’avons même pas une commission de sages pour nous appuyer, c’est triste…

Le Malinois Viper du Banc des Hermelles au saut en Longueur. 

Une commission de sages, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit de quelques personnes ayant rouler leur bosse, donc possédant un certain âge. Ces personnes maitrisent une ou plusieurs disciplines « historique, élevage, dressage, etc. », elles sont nommées par les pratiquants et en cas de doute, on leur demande leur avis. C’est bien pratique d’avoir ce type de personnes en cas de litige ou d’éclaircissement. De nombreuses entreprises ou divers pays procèdent de la sorte, mais pas chez nous.   
En effet, c’est un beau rempart ?
C’est une mémoire surtout et c’est comme ça que j’ai appris. Lorsque l’on sollicite l’avis d’un ancien, il se réfère à une période. Par exemple, il peut nous expliquer qu’ils avaient essayé jadis tel type de procédé et que ça n’avait pas fonctionné à cause de ça ou ça. Ainsi, dans ta réalisation… tu ne pars pas dans le flou, tu as une base. Après, il faut adapter la nouveauté à son époque, etc. car voyez-vous, créer un nouvel exercice ou internationaliser le Ring Français demande une vue globale sur de nombreux paramètres et connaître parfaitement les fondations de la discipline s’avère primordial. Nous avons pris tellement de retard ; qu’aujourd’hui, nous devrions plancher sur le fait d’incorporer un programme de dressage au JO bientôt en France et non se prendre la tête sur une hauteur ou un plan incliné, bon sang que d’énergie perdue ! 

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