mardi 2 avril 2013

JEAN CLESSE :


                           De la Piste A L’Etoile !


Lorsqu’à la fin des années 80, je décide de tout quitter pour tenter une nouvelle aventure, il ne me reste rien. A cette époque, ma passion pour la Cynophilie me pousse en des retranchements que j’aurais souhaités évités et fatalement, en pareil cas « mes espoirs de carrière sont au niveau de mon moral… à la baisse», mais au creux de cette tourmente quelques personnes vont me tendre la main. Autant dire qu’en ces moments délicats « le tact, la grandeur ou l’humanité » de telles personnalités ne pouvaient que m’encourager à poursuivre. Et quand je parle de personnalités, comment ne pas être interpellé par ce genre de répartie : J’adore le chien sportif doté d’un bon mordant, en plus s’il est bien typé et sympa avec les gens et ses congénères… je m’en fais un bon copain immédiatement !

C’est ainsi, que j’ai rencontré Jean Clesse et en côtoyant se grand Monsieur, j’allais découvrir un autre type de Cynophilie, car si dans un premier temps, il m’expliqua les nombreuses facultés d’un Berger Belge. Dans un second temps, il m’ouvrira chaleureusement les portes de son Club, puis celle de sa maison. Que de débats « parfois très animés » nous avons eu à table sous l’arbitrage impartiale de sa charmante épouse. Que de discussions sur le type (très important pour lui) ? Les unions et les traceurs d’époques ? Alors, outre un sens inné de la Cynophilie, ce qui m’a interpellé chez Jean, c’est son amour du Berger Belge. C’est bien simple, à peine un nom évoqué… une lueur éclairait son regard d’azur. Alors le Tervueren « évidement », mais également le Malinois et si possible d’origines de Ring-Français ! Nous évoquions souvent des fameuses combinaisons pour obtenir un poil long dans une portée de court. Naturellement, nous avons tenté moult formules avec les Cuik, Ultra, Othar, Robin et Rep, mais rien n’y faisait ! Pourtant, Alain Savignat me sermonnait souvent en ses termes « si tu as un Tervur chez toi, il est pour Jean, j’ai ta parole ». Absolument et cette parole, je l’ai tenu. Pourtant, des Tervurs… je n’en ai pas eu 50 ! Lorsque je lui ai offert ce chiot, il était heureux. D'ailleurs, que ce soit sur ses fameuses Pistes, sur un Ring ou avec ses chiots… il était continuellement heureux ! Oui, heureux, passionné, aimant, bref un homme qui connaît le prix de la vie et qui la chérissait avant tout.

1994 : Le Cyno Club Pictave A L'Honneur.

Jean un Homme tranquille ? En apparence oui, mais dans son travail… son intransigeance reprenait le dessus, car méthodique, appliqué et très précis : il anticipait ce qu’il souhaitait obtenir et certes avec plus de 80 CACT & RCACT (rien que pour lui), des Bergers Belges du Clos du Richaumoine (son affixe) dans toutes les Finales et cela en réduisant volontairement sa production, nous pouvons affirmer sans crainte : que le beau travail paye toujours ! Il me disait souvent « Tu sais Jean-Mi une bonne femelle, il faut l’emmener jusqu’en Ring2. Au-delà ce n’est pas nécessaire. En 2 et en analysant ses prestations… tu sais ce que tu dois faire ». Que rajouter à cela, lorsque l’on sait que ses femelles étaient capables de travailler dans diverses disciplines et je n’oserais même pas mentionner le mot « Pistage », art dans lequel il était passé Maître ! En fait, qu’il s’agisse de Cynophilie ou non, tout ce qui comporte une exigence proche de l’exploit l’intéressait. Je le revoie encore devant sa télé à regarder les émissions sportives, car boulimique de sport, il connaissait tout ! Mais sa culture générale allait bien au-delà et là encore, je lui dois beaucoup. Un jour, qu’il m’expliquait certain conflit de la grande guerre, je le regardais dubitativement… il me toisa de son éternel sourire et il me glissa gentiment « tu as une sacrée culture au niveau du Berger Belge et il serait bien que tu t’intéresses également à celle de ton pays ». Les pendules remises à l’heure, je prenais séance tenante le chemin de la bibliothèque et des exemples de ce type, je pourrais vous en citer beaucoup. Tour à tour Mentor, guide ou patriarche. Jean Clesse demeure à l’instar des Léon Destailleur et autre André Noël, une figure  emblématique de notre culture. Sans lui, il aurait manqué quelque chose au Berger Belge et sans lui, je n’aurais jamais envisagé "approfondir" un maximum de directions. Après toutes ses années au service de la cynophilie, je me sens plus que redevable et j’espère que les générations futures n’oublieront jamais le nom de Monsieur Jean Clesse, qui restera pour nous tous plus qu’un fabuleux Dresseur, plus qu’un Ami, mais un Exemple !

Jean fut médaillé en 2012 par le CFCBB.

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