Si aujourd'hui, il y a bien un
sujet ambigu (et à la mode) propulsé
sur nos écrans, c'est celui "de la vengeance" ! Combien de films ont
été traité par une thématique à faire froid dans le dos ? Du plus horrible Rape
and Revenge (I Spit on your Grave) en
passant par des exécutions sans préavis (Le
Justicier), jusqu'au film d'auto-défense pur et dur (Vigilante) avec nettoyage du quartier à la clé. Certes, c'est
radical et ça défoule...
Voilà pourquoi, le film d'Alain
Jessua tourne sur plusieurs idées, mais en pivotant sur un axe enchevêtré de
contradictions. A cela, il faut se remettre dans le contexte et bien soupeser
l'époque (1978-79). Une époque qui
malheureusement n'a pas tant changé que ça. En effet, confondant l'insécurité à
la bêtise, combien de fois j'ai entendu le commun des imbéciles prononcer la
phrase qui tue : si ça continue... j'vais prendre un chien !!!! Et voilà,
l'archétype même de la stupidité en pleine lumière, que dis-je ? Du joyau rutilant
boursouflé d'une crétinerie rayonnante, car avant de prendre un chien : il faut
un minimum de connaissance. Et si l'on rentre de plein pied
dans le pitch << les citoyens d'une banlieue pépère dressent de furieux
cabots pour (soi-disant) être
protégé >> cette dernière formule va rendre le film particulièrement
intéressant. Tout d'abord, l'image grotesque du beauf de base mélangée à celle
plus naïve d'une jeune femme violée (et qui
va par le force des choses... péter les plombs), en passant par les clichés
d'une jeunesse aussi vaillante que décébrée se voit pousser à son paroxysme et ouf,
il s'agit d'une fiction ! Néanmoins, ce type de récit n'a pas vraiment arranger
(socialement parlant) les véritables
Cynophiles, qui (n'ayons pas peur des
mots) résident aux antipodes de cette bouffonnerie villageoise. D'ailleurs,
d'un point de vu Cynophile, je pense que pour capter certains passages, il faut
de bonnes bases, pourquoi ? Parce qu'il y a des répliques complètements
hermétiques pour un non-pratiquant. Exemple : le mordant n'est qu'une autre phase de la sociabilité. Comment le
spectateur lambda encaisse, ce type d'affirmation ? En fait et c'est
aujourd'hui prouvé par l'implication de diverses races en Utilisation ou en
Sports Canins comportant << des saisies sur toile >> qu'il est
impossible de faire "travailler" un chien, sans que celui-ci possède
une stabilité caractérielle au Top Niveau. La preuve : outre le fait, qu'un
chien possède son caractère propre, il est aussi dépendant de sa génétique.
Hors, un chien de compétition est tributaire d'un atavisme directement lié à sa
spécificité. C'est à dire, que si je retourne la phrase de 1978 << le mordant n'est qu'une autre phase de la
sociabilité >>. Il faudrait lire en 2012 que l'entraînement d'un
chien au mordant sportif génère un
équilibre par la stabilité de sa prise. Ok, la formule n'est pas simple pour un
profane, n'empêche que c''est une vérité établie depuis plus de 20 ans.
Je vais prendre à témoins, la
race employée pour les cascades (Lilith & Lear dans le film). Il s'agit du Berger
Belge Malinois que l'on peut qualifier de prototype même du Chien de Compétition.
D'ailleurs, tant celui-ci est représentatif, nous ne comptons plus les
réalisateurs souhaitant un Malinois pour tourner de simples scènes et bien entendu
de multiples cascades. Son air robuste, son étonnant physique, mais surtout sa
réceptivité au dressage ont fait de lui l'arme fatale du cinoche. Dans <<
Les Chiens >>, il s'agit des Malinois d'un Maître Eleveur & Dresseur
qui a plus de 1 000 films à son actif, j'ai nommé mon Mentor & Ami Monsieur
André Noël (il s'agit du dresseur
animalier qui tient le Loup en laisse à la fin). Là encore, combien de
fois, nous avons eu de virulents débats concernant : Les Chiens ? Il me
faudrait une place indéfinissable pour vous en parler, mais une chose est
sûre... la compréhension de ce film est compliquée. a) L'ambigüité du Dresseur
(joué par Gérard Depardieu) y est
pour beaucoup. b) Le film s'évanouie parfois dans des fabulations ou force les
traits. c) les nerfs du spectateur sont souvent mis à rude épreuve.
De ce fait,
il faut bien réaliser l'impact d'un tel cinéma et donc, conserver son aspect
sensationnel au péril de flirter avec l'absurde. Je prendrais à témoin le chien
blanc raciste de Samuel Fuller dans << Dressé pour tuer >>, du bon
gros Portnawak avec quand même une touche de jugeote, mais qui n'a pas su être
exploité à sa juste valeur. Certes en 1982 la culture Cyno et les States ça faisait
deux... Enfin bref, retournons à notre
film qui n'évoque absolument pas le racisme, mais qui choque d'une manière
différente grâce à la fameuse patte d'un Alain Jessua délivrant un univers à la
philosophie malsaine. Ayant déjà un max de "classique" à son actif (Traitement de choc, Armageddon ou Paradis
pour tous), sa façon de tourner développe un schéma presque fantastique (surtout la nuit), assurément engagé et
visuellement prenant. Après, il y a les acteurs : Gérard Depardieu dans un rôle
"d'homme étrange" s'avère déterminant, Victor Lanoux en gentil
médecin est impérial, quand à Nicole Calfan : elle porte carrément le film sur
ses épaules et d'un point de vu purement Cyno, je dirai qu'elle m'a bluffé par
sa prestation de conductrice.
Bilan des courses : Autant pour
tout Cinéphile, ce film pose de grosses questions sur l'effet parano de l'auto-sécurité.
Autant, il est parfois difficile d'accès pour un non Cynophile. En clair, c'est
un film étonnant, qu'il faut absolument
voir (ou revoir en DVD), mais à mater
avec beaucoup de recul et surtout sans condamner les véritables cynophiles, qui
n'ont strictement rien en commun avec les béni-oui-oui qui se font trimbaler
par leurs clebs.
PS : Les Chiens a obtenu le prix
du meilleur film au festival International de Moscou en 1979.
Magnifique J-Mi
RépondreSupprimerC'était son film