Pourtant, vous êtes
souvent sur des remises en question avec le Ring. Les exercices, les sélectifs
et aujourd’hui avec le travail sous de haute chaleur ?
Je pense que
« toute remise en question » est une bonne chose, car si l’on analyse
chaque situation : c’est la façon de regarder le Ring qui est remise en
question, pas la discipline. Pourquoi ? Parce que la discipline… elle très
bien comme elle est ! Il faut juste l’adapter à notre époque et du coup,
l’organisation d’une finale sous une forte chaleur devait un jour ou l’autre
refaire surface.
Depuis quand
travaillez-vous sur le dossier ?
A titre personnel, depuis
2009 lors de la Finale de Brive. A cette époque, j’étais sur le terrain avec
mon ami J-J Baltzinger (créateur du Site Chienplus) et nous avions remarqué que
certains compétiteurs avaient du mal à boucler le parcours. A leur décharge,
dans l’après-midi, une chaleur pesante, voire étouffante s’était abattue sur le
stade. Nous étions là à prendre des photos… tout en nous mettant à l’abri le
plus rapidement possible, la moindre parcelle d’ombre faisant l’affaire. Puis
au fil de la journée, nous avons commencé à évoquer le fait : qu’avec ce
type de grosse chaleur, il fallait être particulièrement vigilant.
Ce qui est le cas sur
chaque concours en été ?
Vous avez absolument
raison, les organisateurs sont très vigilants et d’ailleurs, les remarques
« sur le fait de faire travailler des chiens par cette température »
venaient de personnes pas spécialement férues de travail en milieu sportif.
Sauf que nous vivons dans un drôle de monde et certains citoyens, plutôt que
d’applaudir une performance sont plutôt du genre à attendre un problème et se
focaliser là-dessus. Alors par jalousie ou par bêtise ? Honnêtement je
n’en sais rien, vous savez… j’ai tellement entendu d’âneries qu’au jour d’aujourd’hui,
je ne perds même plus mon temps à essayer d’expliquer quoi que ce soit à
quelqu’un qui refuse de comprendre.
Des âneries,
c’est-à-dire ?
Alors dans les plus
classiques : un chien de travail n’a qu’un seul Maître, les chiens
détecteurs de drogue sont drogués, les Malinois sont les meilleurs en Ring
parce que la discipline fut orientée pour eux, etc. la liste est aussi longue
que stupide…
Comment
expliquez-vous qu’en 2017, nous en soyons encore là ?
C’est une bonne
question, qui mérite une sage réflexion. Soit, nous nous expliquons mal. Soit, on ne nous écoute pas et c'est fort dommage, car nous avons des disciplines magnifiques, des chiens extraordinaires
et en retour, bien peu de reconnaissance. Les médias nous ignorent totalement,
nous attendons qu’un Messie relance une revue cynophile et
hors-mis les Clubs de race, il est difficile d’avoir des infos. En clair, sans
Internet qui parlerait de Cynophilie de travail ? Ce constat est étrange,
car à contrario, il y’a de plus en plus d’adeptes et donc, de naissances.
C’est vrai, qu’il y’a
un engouement massif et surtout dirigé vers le Malinois de travail. Comment
expliquez-vous cela ?
En termes de
croissance, nous pouvons l’expliquer facilement. Déjà, il faut savoir que de
nombreux Bergers Belges ont péri pendant les guerres, si le cheptel avait pu
s’étoffer normalement, nous n’aurions jamais eu une telle différence avec les
autres races. Ensuite, il y’a les disciplines et leur fonction… n’oublions pas
qu’en Europe, il existe des disciplines non-affiliées à la FCI (où le Malinois
excelle) et de ce fait, il a fallu regrouper tout ça. Le Berger Belge et
surtout notre poil court, s’avère un chien très complexe, qu’il faut connaître
parfaitement pour en saisir ses particularités. Fort heureusement, il y’a de
plus en plus de Cynophiles (sur la planète) qui s’intéressent à cette évolution
et c’est très bien, car lorsque nous sommes devant un fait nouveau (en
l’occurrence, cet engouement massif pour le Malinois), nous devons réfléchir et
nous poser les bonnes questions. Celles-ci devront bien évidement déboucher sur
une résolution, car il nous faut déterminer en quels termes, une motion doit
servir la cynophilie : En termes de sport, de sélection canine ou les deux ?
Là encore, la barrière est mince, voilà pourquoi nos réflexions doivent être
collectives.
La moindre décision doit
être collective ?
Oui, car qui que vous soyez…
vous pouvez vous tromper et votre travail « même le plus honnête
possible » dépend surtout de votre avis. Voilà pourquoi une application
collective est souhaitable. Je vais
prendre un exemple : à l’heure actuelle, il y’a un problème récurrent sur
le fait de faire travailler un chien sous de forte chaleur. Ce problème, je
l’ai analysé de fond en comble, j’ai d’ailleurs offert ma conclusion au CFCBB
et au GTR. Cependant, lorsque j’ai commencé à plancher sur divers projets, j’ai
toujours gardé à l’esprit que mes propositions pouvaient être interprétées de
différentes façons. De ce fait, pour éviter toute ambiguïté ou tout parti-pris,
je n’ai pris qu’une référence : l’historique. C’est-à-dire, comment les
précurseurs ont voulu le Ring, pourquoi ils ont appuyé la sélection dans tel
domaine et en conclusion, que faut-il conserver des idées de base ? Suite
à cela, j’ai pu délivrer un rapport en structurant mon avis avec une double
référence « l’évolution & l’historique ».
Vous pratiquez toujours
de la sorte ?
La plupart du temps
« oui ». D’abord, j’analyse la situation par rapport à mon avis. Plus
exactement par rapport à mon instinct de Cynophile, puis je lis et relis le
maximum de vieux livres, de très anciens articles, des correspondances, d’anciens
règlements, je reprends mes vieilles notes, etc… si mon avis concorde avec les
enseignements de jadis, je commence à travailler sur un explicatif. Tout
problème a une solution sur le plan explicatif, pourquoi ? Parce que
toutes les références sélectives sont expliquées quelque part, il suffit de les
chercher, de les trouver, de les lire et de les comprendre. Ensuite, il faut les
« repenser » en gardant à l’esprit que le climat de 1960 n’est pas
celui de 2017. Enfin, être capable de les synthétiser et d’en transmettre les
conclusions.
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