Eh bien, tout
simplement, parce qu’en terme de production, nous verrons beaucoup plus de
descendants d’un chien que d’une chienne : puisqu’une femelle ne peut
reproduire qu’une fois de temps en temps. Alors qu’un Etalon peut saillir
autant de fois qu’il est sollicité… de ce fait, nous avons toujours l’étalon en
mémoire et lorsque l’on demande à un Utilisateur : ton Malinois, c’est un fils
de qui ? 9 fois sur 10, il nous donne le nom du père, rarement le nom « du père
et de la mère » en même temps. Pourtant, chez le Malinois, c’est sa lignée qui
importe, donc l’association des 2. Voilà pourquoi chez nous, on ne parle pas de
papier ou de pedigree, mais d’origines. Nous insistons sur les origines et surtout de « l’origine »
sur laquelle nous souhaitons revenir pour retravailler ou fortifier les pôles
essentiels de sélections. Nous savons que tel Malinois apporte énormément de
fond, un autre beaucoup de caractère, de tempérament, de disponibilité, etc.
c’est ainsi que nous conservons l’équilibre qui fait en sorte que notre
Malinois reste : juste, travailleur et déterminé.
En effet, c’est très
pointu ?
Chez nous (dans le
Berger Belge) il faut connaître son sujet pour pouvoir travailler correctement,
car si l’on nous enlève un élément de construction, nous affaiblissons
immédiatement l’évolution du cheptel. Vous comprenez maintenant, pourquoi à
chaud, mon premier sentiment sur le CSAU était négatif… ensuite, je me suis
posé et j’ai réfléchi sur le concept, je l’ai même placé dans tous les sens et
j’en ai conclu que c’était une très mauvaise chose. D’une part,
déontologiquement : ton chien t’appartient et donc, tu en es responsable
et un examen de bonne conduite ne remplacera jamais la compréhension, la
vigilance et le contrôle. Ce n’est pas parce qu’un juge va nous donner son
approbation que ça change quoi que ce soit, tout simplement parce qu’un chien
reste un chien « il possède sa propre nature ». D’autre part et suite
à cette réflexion, j’ai pioché plus philosophiquement et je me suis aperçu que
cette façon de faire était typiquement Franco-Française.
Franco-Française : c’est-à-dire ?
C’est-à-dire qu’il vaut
mieux trouver un palliatif, plutôt que d’expliquer clairement les choses.
Aujourd’hui, j’ai un âge qui me permet d’évaluer certaines situations avec donc,
le privilège de l’ancienneté et je me suis aperçu que nous retrouvons ce genre
d’attitude dans des tas de sujets, par exemple dans les actualités, la
politique, le sport, l’enseignement, la santé, etc. Nous ne sommes plus capables
d’expliquer clairement les choses, alors on ouvre un dossier en créant un terme
savant et aussitôt, nous le refermons. Ce procédé est très étrange et puisque
nous sommes dans le vif du sujet avec « l’utilisation », je peux
pousser mon analyse plus loin, car les vraies questions sont : pourquoi,
comment et à quoi ça sert ? Il faut se faire entendre et expliquer que le
débourrage est axé sur une toile, non sur un homme et que par le biais de la
valeur du chien sur un travail approprié, nous pouvons en définir des codes.
Ces codes, conjugués à une multitude d’autres valeurs vont nous servir à
définir un potentiel, puis un caractère. Ledit caractère associé à la
morphologie du chien va nous donner d’autres clés, comme : ce type peut
largement être intégré dans l’Armée, au RAID, chez des Pompiers, des Sauveteurs,
etc. Celui-ci possède en plus, une qualité indéniable d’Etalon, celui-ci est
époustouflant de résistance etc. Si nous pouvions être vraiment écoutés, nous
pourrions faire bien plus, car au-delà d’une sélection pure, nous avons une
réelle grille de lecture qui nous permet d’établir concrètement l’analyse des
caractères, de l’anatomie, de l’endurance et surtout du courage. Expliquer la
fonction des pôles de sélection et comment nous avons fait pour développer tous
les aspects du Malinois pour le rendre fonctionnel en diverses missions.
Mission, un mot que
vous employez souvent ?
Certes,
le Malinois est un grand sportif, mais vous l’aurez noté, il est surtout
l’équipier idéal pour nos administrations. Jamais, il ne recule et il ne se
dégonflera pas… même devant une situation insolite et pour obtenir ce type de
chien, il faut une sélection appropriée. En ne sélectionnant que sur l’équilibre
« qui pour mémoire est survenue grâce à la stabilité de la prise en gueule
puisée sur des Malinois possédant énormément de fond », nous hériterons
dans 20 ans de sujets hyper-équilibrés, c’est-à-dire avec un manque évident
d’ardeur au travail et inévitablement, une faiblesse caractérielle surgira. Vous
verrez que si nous ne faisons pas attention à tout ça, dans un futur proche, les
personnes qualifiés et donc, désireux de trouver des chiens aussi résistants que
forts, nous dirons qu’ils n’en trouvent pas en France et ils iront les acheter
ailleurs, un comble non ?
Vous
pensez qu’un équilibre trop appliqué deviendrait néfaste ?
Avant de mentionner le
mot « équilibre », il faut le définir clairement. André Noël
disait : l’équilibre, lorsqu’il y’en a suffisamment ; il n’en faut
plus. L’excès d’équilibre, comme tout excès d’ailleurs… peut rapidement se
transformer en vice ! C’est une excellente philosophie, car l’analyse
d’une race ne se fait pas en quelques années, il faut un enseignement précis,
beaucoup de bagages (sur le terrain) et étudier tous les jours. C’est pour ça,
qu’avant de prendre une décision qui risque de chambouler un cheptel, il est
vital de demander l’avis de personnes compétentes. Ceci, pour vous expliquer que dans certaines
familles de Malinois, le fond est parfois vindicatif. En fait, dans notre
jargon cyno nous l’associons à un trait de caractère et du coup : ledit
fond, bien contrôlé et travaillé en pôle de sélection, soit en apport
« pour stimuler », soit en complémentarité « pour
conforter » sa propre famille est nécessaire. Voilà pourquoi, il serait fort dommage
d’éliminer un sujet qui semblerait rebelle. J’en veux pour preuve que la légende
du Malinois ne voulant pas être manipulé par un inconnu n’est pas un
scoop ! Elle était même souhaitable à une époque, enfin ce type de
Malinois qui réussirait son brevet avec succès et qui par ce biais, attesterait
de ses évidentes qualités est aussi précieux qu’un Malinois super sympa. Voyez-vous,
un caractère même rugueux s’analyse, car il y’a une différence entre un chien
qui ne veut pas être manipulé par Pierre & Paul et un agressif. La
différence est tellement énorme, qu’elle dénote le fond, l’esprit et le
caractère.
Effectivement, vue sous cet angle ?
Mais cher ami, en matière de sélection, nous devons regarder sous tous les angles et si en matière de travail un agressif est à proscrire (là-dessus nous sommes tous d’accord), un Malinois avec beaucoup de fond est à analyser avec grand soin. Ce type de sélection s’avère en vigueur dans chaque programme et je ne parle même pas des Hollandais qui ont une vision précise de leur Malinois (ils doivent être effectifs). Alors, je vais prendre à témoin un exercice Belge « la garde d’objet muselée ». Croyez-moi, lorsque l’on enlève son pouvoir à un chien, c’est-à-dire le mordant… on identifie rapidement ce qui reste !
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