vendredi 15 mai 2015

Philosophie et Prise de Risque !

Le Multiple Champion de France Ring : Persan du Domaine de Nimorlau.

En effet, c’est très important ?

Absolument, car voyez-vous… on ne gère pas un cheptel de 2 000 naissances, comme un cheptel de 10 000 et sur ce sujet, il faut savoir que sur une telle croissance, nous pouvons vite faire un amalgame, voire des amalgames. Il y’a donc une très nette différence entre élevage & production. Je milite toujours pour qu’un futur acquéreur de Berger Belge comprenne cette définition. Dans cette race, nous avons d’excellents éleveurs qui maitrisent parfaitement leur travail et qui savent faire face à toute éventualité. Il faut leur faire confiance et s’ils ont besoin de travailler avec un Belge « différent », ils vont tout mesurer et tout prendre en compte, c’est certain…  

C’est pourtant un risque ?

L’élevage est un risque, car il s’agit de donner la vie. Il ne faut jamais sous-estimer les risques, tous les risques... même s'il est insignifiant, mais outre le fait de la taille ou d’une couleur, nous pouvons étendre les problèmes « dysplasie, épilepsie, cécité, trouble du comportement, etc… », croyez-moi, c’est autre chose à gérer qu’un Bleu. De toute façon, vous pouvez réfléchir pendant des heures, la responsabilité est directement liée à l’éleveur, si celui-ci maitrise son sujet, il y’a toujours matière à discussion, car d’un côté il y’a la théorie et de l’autre la pratique. Rien ne remplace jamais la pratique… Je me rappelle d’une saillie dans les années 80 qui, si elle avait été étudiée par des spécialistes aurait créé moult polémiques et aujourd’hui, tout le monde reconnait le bienfait de cette alliance et ce n’était pas une question de couleur, mais de dentition. Je pense que nous avons de très fortes et belles lignées, de très bons éleveurs, de très bons dresseurs et un excellent Club. Encore faut-il les consulter et prendre la décision qui s’impose. En clair si quelqu’un me demande un avis sur un bleu, je lui dirais qu’il n’a pas sollicité la bonne personne. Des Cynophiles reconnus ont étudié de fond en comble cette particularité, c’est à eux qu’il faut poser la question.  

L'Epoustouflant : VASS du Faubourg des Postes
 
Effectivement, c’est compliqué ?
Non pas tant que ça, puisque nous conjuguons aujourd’hui, spécialistes & matière à discussion. Il suffit juste d’en parler une bonne fois en énonçant des théories & faits concrets, voilà tout. A ma décharge, je viens d’une époque où les Bergers Belges de qualités (santé, courage, disponibilité) étaient moins nombreux et avant d’exclure un bon chien de travail, il fallait être certain qu’il détruirait plus qu’il n’apporterait. Cela dit aujourd’hui, le cheptel demeure extrêmement riche et de ce fait, ma plaidoirie demeure obsolète. Après vous allez me demander pourquoi, j’ai eu cette idée de ne pas fermer la porte à un bleu, puisque je n’ai aucune attirance envers ce type de chien ? C’est simple, j’ai pensé aux autres, j’ai pensé large comme on dit et de plus, je suis « qui » pour mettre un véto ? Je ne suis qu’un passionné de Cynophilie et j’entends bien rester à ma place. Qui plus est, le Club ne m’a pas suivi et les bleus ne sont pas confirmables. Vous voyez qu’il n’y avait pas matière à clouer une chouette sur ma propre porte (rires...), pourtant cette affaire m’est revenue comme un boomerang et ma philosophie m’a sans doute jouée des tours, car j’aime et je continue à croire qu’il est plus simple de s’épanouir en liberté qu’autour d’une foule de règles. C’est ainsi, je suis comme ça… pas seulement en Cynophilie, je suis comme ça dans la vie ! Sauf que j’aurai dû rajouter que pour s’épanouir en toute liberté, il faut d’abord étudier et maitriser au minimum son sujet, car il y’a une liberté à étudier et non pas une obligation dans l’étude, on ne devrait jamais obliger quelqu’un à étudier, mais au contraire… le stimuler par les études.
Qui plus est en Cynophilie ?
En cynophilie ou autre. Dans chaque domaine, il faut être curieux, exalté, motivé et travailler pour comprendre, s’améliorer ou aider. C’est vrai que la Cynophilie demande des qualités particulières et pour cela, il faut souvent nous remettre en question, mais ne vous trompez pas : élever des Malinois, ce n’est pas un travail… c’est une Mission !

Shogun du Cami de Cathéric : T'es à moi Camarade...
 
Vous en avez débattu en tête à tête ?
Non malheureusement, les 2 débats (un en France l’autre à l’étranger) où je fus convié ont été orchestrés sur le net. J’ai donc donné mon avis, sur le fait qu’il ne fallait pas fermer la porte. J’ai donc eu droit à une foule de réprimandes ou certains n’ont pas hésité à brandir les lois de Mendel comme un Prêcheur la Bible, rien de grave… je suis habitué ! J’ai donc ré-ouvert les livres et j’ai survolé tout ça, sauf qu’au même moment, une personne m’a vraiment déstabilisé, il s’agit de Monsieur J-M Vantbusele. Son article "Les Bleus envahissent nos Malinois"m'a sacrément remis en question, il faut le lire et le relire pour s’apercevoir qu’un tel sujet n’est pas à prendre à la légère. Son texte m’a donné matière à réflexion et je vous invite à l’étudier, car il est particulièrement intéressant. Mais pour en revenir au débat de fond : aujourd’hui, des Malinois… ce n’est pas ce qui manque ? Expliquez-moi, pourquoi, il faut obligatoirement marier des bleus ? Pour l’inédit, l’originalité, hein… pourquoi ? De mon côté, je n’ai jamais utilisé un Malinois Bleu, je n’ai jamais dressé un Malinois bleu et je n’ai jamais été intéressé par un Malinois bleu. Bref, comme tout le monde : j’en ai vu quelques-uns en compétition et mon intérêt pour cette couleur c’est arrêté là. De ce fait et afin de compléter ce débat, il serait peut-être souhaitable de parler avec des cynophiles qui ont eu ce type de cas dans leur élevage et de savoir clairement ce qu’ils ont fait et ce qu’ils en pensent.
C’est donc un prochain débat ?
Un débat qui va être vite réglé, puisque comme je vous l’ai expliqué « « les bleus ne sont pas confirmables ». Sauf que l’on a beau prendre le sujet dans tous les sens, au bout du compte et quoi que l’on dise : un Malinois ce n’est pas Bleu, c’est fauve charbonné. Nous perdons un temps considérable sur des choses qui devraient être entendues depuis des lustres. A titre personnel, j’avoue par moment être largué avec le sentiment nostalgique de ne plus être en accord avec mon époque. On me pose (on m’intime serait plus juste) constamment des questions très étranges notamment sur la confirmation, du style : il faut absolument durcir les confirmations, car il faut savoir qu’aujourd’hui une majorité de cynophiles réclament pour une simple confirmation : test ADN, la (ou les) radio de dysplasie, plus de sévérité sur le standard « notamment sur les chiens de grande taille » et j’ai même entendu parler d’un coup de feu. Croyez-vous qu’un éleveur ne peut pas répondre à toutes ces questions par sa propre intelligence ? A-t-on besoin d’instaurer un coup de feu ? J’ose espérer que l’éleveur s’est assuré que ses femelles n’avaient pas de troubles et dans la foulée qu’il les a fait radiographier avant de les faires saillir. Faut-il vraiment rendre cela obligatoire ? En ce qui concerne l’ADN, je n’en suis pas convaincu et en ce qui concerne le caractère, la taille et le poids, il faut évidemment réfléchir.

ROCKY - THE GREAT !
 
Vous avez des exemples ?
J’en ai plein à commencer par des Utilisateurs de très haut niveau qui n’ont jamais voulu faire saillir leur chien prétextant qu’il était bon pour la compétition, mais que… ça s’arrête là. D’autres pour qui l’harmonisation est très importante, d’ailleurs, je vais vous donner un exemple concret : j’avais demandé à Monsieur Gilbert Guevel son étalon Oui’Ly du Vieux Marronnier pour une saillie sur ma femelle Bôken. La première réaction de Gilbert n’a pas été de dire « super, mon chien est un champion et ta chienne est en 3 » oh que non ! Sa première réaction fut de me dire « j’ai peur que le résultat, nous donne des grands gabarits ». Oui’Ly étant un Malinois « fort, grand & puissant » et bien que Bôken ne soit pas de grande taille, elle était très puissante. De plus, ses origines paternelles par Rocky donnaient de bonnes tailles, j’ai donc beaucoup réfléchi et je suis retourné sur Oui’Ly avec une femelle plus appropriée. Voyez-vous ? C’est ça, un vrai Cynophile, c’est quelqu’un qui pense aux résultats avant l’acte et bien évidemment, nous pouvions nous tromper et peut-être que cette portée aurait été intéressante, mais il y’avait de nombreuses possibilités qui pouvaient nous laisser entrevoir de sérieux molosses (rires)… Cependant, je maintiens qu’il ne faut pas écarter les chiens de grandes tailles. D’ailleurs, il est où le problème avec la taille, si le chien est véloce ? De mon humble avis, il faut analyser le chien avec un regard professionnel et se dire « que peut-il apporter au cheptel ? », là est l’importance de sa valeur. Qu’il soit grand, petit, fauve, rouge, avec une étoile, un plastron ou le bout des pattes blanches, nous sommes de toute façon, dans l’obligation de l’analyser. Les problèmes arrivent lorsque des éleveurs pensent sauvegarder, créer ou inventer quelque chose. Exemple, ils n’utilisent que des grands chiens et après, nous nous retrouvons avec un écart considérable par rapport au standard et préjudiciable pour le travail. De même que si des éleveurs n’utilisent qu’exclusivement des atypiques… ça devient du grand n’importe quoi ! Du coup, le Club de race sera dans l’obligation de prendre des sanctions et plutôt que d’avoir un regard sur l’utilisation avec un choix important de géniteurs, nous allons l’amoindrir parce que des intellectuels veulent jouer aux apprentis sorciers… c’est ridicule !
A vous entendre ça paraît simple ?
Et pourtant ça ne l’est pas. Par contre ce qui est simple, c’est : d’étudier avant d’élever et je ne parle pas forcément d’étudier dans des livres ou dans des écoles spécialisées, mais d’étudier avec de vrais éleveurs. Des éleveurs qui produisent régulièrement des bons chiens et si possible, des éleveurs qui disposent d’un panel large « dressage & historique » par exemple. Si vous étudiez l’historique, vous notez qu’il y’a toujours eu des atypiques, mais fort heureusement… ils ont toujours été compris, puis judicieusement mariés.  
Il y’a des Eleveurs dans l’obligation de travailler sur ce type de mariage ?
Bien sûr que ça arrive, si l’éleveur cherche à tout prix ce type d’origines pour compléter ou fortifier sa lignée, comment voulez-vous faire autrement ? Le premier problème est d’harmoniser la portée, car nous élevons des Bergers Belges et donc, nous avons des références… alors sans vouloir un CAC, nous pouvons espérer un Très Bon. Sans oublier que l’homogénéité est également très importante, il faut de solides gaillards avec un caractère bien trempé. Si l’éleveur trouve son bonheur dans des fédérations « moins regardantes », il aurait tort de reculer pour de fausse croyance.

OUI'LY du Vieux Marronnier Multiple Champion de France de RCI
 
 
D’ailleurs, il parait que le cheptel Hollandais est plus difficile à analyser ?
En Hollande, comme en Belgique, il faut connaître les programmes et les chiens employés. Puis analyser leurs origines et déterminer si elles sont adaptables dans notre élevage. Lorsque vous analysez les Malinois de divers pays et que vous discutez avec les éleveurs, beaucoup vous diront qu’une lignée structurée de véritables Malinois fonctionnent mieux que des pseudos retrempes. Je le dis et je le répète, rien ne vaut une lignée parfaitement structurée et ce n’est pas la peine de chercher midi à 14 heures : un Cynophile voulant acquérir un Malinois n’a pas 36 solutions, il se tourne vers la compétition ou le standard « là » et seulement « là » il trouvera un vrai Malinois. La preuve en est : tu as vu combien de Malinois autre que Fauve charbonné à la Finale Ring ? Soit, très peu… comme je l’ai expliqué, rabâché et aujourd’hui, j’en suis même essoufflé « il y’a des mauvais éleveurs parce qu’il y a de mauvais acheteurs », c’est ainsi et si des sanctions tombent, les gens ne pourront que récolter le fruit de leur bêtise et la récolte sera bonne…
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi cette obsession pour les chiens de grande taille ou pour des bleus ?
Moi non plus, je ne comprends pas… un Malinois ne pèse pas 50 kg et il n’est pas Bleu. Que veux-tu que je te dise ? Peut-être, le truc qui va te démarquer ou alors, l’originalité ? Par contre, une chose est certaine, le jour où un éleveur va en sortir un « EXCELLENT » par mégarde dans une portée, que va t-il se passer si le chien arrive à très haut niveau ? Hein, ça aussi c'est une bonne question... parce que des bleus vraiment bons, ça doit exister !

Ares du Tison d'Argence... un pluridisciplinaire qui ne manque pas de type !
 
Vous en parlez souvent au Club ?
Oui, nous en parlons, car le cheptel est fort. Voilà pourquoi, je ne comprends pas ce type d’engouement. Remarque… chaque année, nous avons un effet de mode et cette histoire de bleu est déjà arrivée sur le tapis… il y a quelques années, peut-être 5 ou 8 ans. Les choses s’étaient tassées, car entre utilisateurs, nous avions souvent mentionné le sujet. Aujourd’hui, ça revient par vague, pourquoi ? Mystère… alors, faut-il réellement durcir les confirmations ? Je ne sais pas, il semble que les gens aient besoin de ça, c’est très étrange. J’ai vraiment beaucoup de mal à cerner cette époque, c’est pour cela que j’ai sollicité le Club pour avoir cette page Facebook « que désire un Ringueur pour 2015 », au moins nous pouvons parler et expliquer les choses « de l’élevage à la compétition ».
Que peut-on dire à un propriétaire ou à un futur acquéreur d’un Malinois Bleu ?
Il faut le faire travailler, ainsi vous saurez si votre chien est bon ou pas. C’est d’ailleurs valable pour les autres, rien ne vaut le travail. Je ne comprends même pas le désir d’avoir un Malinois sans le faire travailler. Mais pour en revenir à un Bleu, puisqu'il ne reproduira jamais : à ce stade... la couleur est secondaire, seule la qualité compte.

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