De la Piste A L’Etoile !
Lorsqu’à la fin des
années 80, je décide de tout quitter pour tenter une nouvelle aventure, il ne
me reste rien. A cette époque, ma passion pour la Cynophilie me pousse en des
retranchements que j’aurais souhaités évités et fatalement, en pareil cas « mes
espoirs de carrière sont au niveau de mon moral… à la baisse», mais au creux de
cette tourmente quelques personnes vont me tendre la main. Autant dire qu’en
ces moments délicats « le tact, la grandeur ou l’humanité » de telles
personnalités ne pouvaient que m’encourager à poursuivre. Et quand je parle de
personnalités, comment ne pas être interpellé par ce genre de répartie : J’adore
le chien sportif doté d’un bon mordant, en plus s’il est bien typé et sympa
avec les gens et ses congénères… je m’en fais un bon copain
immédiatement !
C’est ainsi, que j’ai
rencontré Jean Clesse et en côtoyant se grand Monsieur, j’allais découvrir un autre
type de Cynophilie, car si dans un premier temps, il m’expliqua les nombreuses
facultés d’un Berger Belge. Dans un second temps, il m’ouvrira chaleureusement
les portes de son Club, puis celle de sa maison. Que de débats « parfois très
animés » nous avons eu à table sous l’arbitrage impartiale de sa charmante
épouse. Que de discussions sur le type (très important pour lui) ? Les unions
et les traceurs d’époques ? Alors, outre un sens inné de la Cynophilie, ce
qui m’a interpellé chez Jean, c’est son amour du Berger Belge. C’est bien
simple, à peine un nom évoqué… une lueur éclairait son regard d’azur. Alors le
Tervueren « évidement », mais également le Malinois et si possible d’origines
de Ring-Français ! Nous évoquions souvent des fameuses combinaisons pour
obtenir un poil long dans une portée de court. Naturellement, nous avons tenté moult
formules avec les Cuik, Ultra, Othar, Robin et Rep, mais rien n’y
faisait ! Pourtant, Alain Savignat me sermonnait souvent en ses termes «
si tu as un Tervur chez toi, il est pour Jean, j’ai ta parole ». Absolument et
cette parole, je l’ai tenu. Pourtant, des Tervurs… je n’en ai pas eu 50 !
Lorsque je lui ai offert ce chiot, il était heureux. D'ailleurs, que ce soit
sur ses fameuses Pistes, sur un Ring ou avec ses chiots… il était
continuellement heureux ! Oui, heureux, passionné, aimant, bref un homme qui
connaît le prix de la vie et qui la chérissait avant tout.
1994 : Le Cyno Club Pictave A L'Honneur.
Jean un Homme
tranquille ? En apparence oui, mais dans son travail… son intransigeance
reprenait le dessus, car méthodique, appliqué et très précis : il
anticipait ce qu’il souhaitait obtenir et certes avec plus de 80 CACT
& RCACT (rien que pour lui), des Bergers Belges du Clos du Richaumoine (son
affixe) dans toutes les Finales et cela en réduisant volontairement sa
production, nous pouvons affirmer sans crainte : que le beau travail paye
toujours ! Il me disait souvent « Tu sais Jean-Mi une bonne femelle,
il faut l’emmener jusqu’en Ring2. Au-delà ce n’est pas nécessaire. En 2 et en
analysant ses prestations… tu sais ce que tu dois faire ». Que
rajouter à cela, lorsque l’on sait que ses femelles étaient capables de
travailler dans diverses disciplines et je n’oserais même pas mentionner le mot
« Pistage », art dans lequel il était passé Maître ! En fait,
qu’il s’agisse de Cynophilie ou non, tout ce qui comporte une exigence proche
de l’exploit l’intéressait. Je le revoie encore devant sa télé à regarder les
émissions sportives, car boulimique de sport, il connaissait tout ! Mais sa
culture générale allait bien au-delà et là encore, je lui dois beaucoup. Un
jour, qu’il m’expliquait certain conflit de la grande guerre, je le regardais
dubitativement… il me toisa de son éternel sourire et il me glissa gentiment «
tu as une sacrée culture au niveau du Berger Belge et il serait bien que tu
t’intéresses également à celle de ton pays ». Les pendules remises à l’heure,
je prenais séance tenante le chemin de la bibliothèque et des exemples de ce
type, je pourrais vous en citer beaucoup. Tour à tour Mentor, guide ou
patriarche. Jean Clesse demeure à l’instar des Léon Destailleur et autre André
Noël, une figure emblématique de notre
culture. Sans lui, il aurait manqué quelque chose au Berger Belge et sans lui,
je n’aurais jamais envisagé "approfondir" un maximum de directions. Après toutes
ses années au service de la cynophilie, je me sens plus que redevable et
j’espère que les générations futures n’oublieront jamais le nom de Monsieur
Jean Clesse, qui restera pour nous tous plus qu’un fabuleux Dresseur, plus
qu’un Ami, mais un Exemple !
Jean fut médaillé en 2012 par le CFCBB.
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