mardi 31 mars 2020

N-E 2019 : CFCBB, part 4.


Certes, c’est intéressant, mais c’est un gros chantier à mettre en place ?

Non je ne trouve pas, dans un premier temps : demander l’avis aux licenciés serait une bonne chose. Est-ce que vous êtes intéressés pour « muscler » notre Ring ? Dans le cas où la réponse serait "apportez des arguments" et on votera pour oui ou non. Dans le cas où ça serait oui, ces mêmes licenciés nommeraient 4 à 6 personnes par vote (donc le plus démocratiquement possible) pour retravailler le règlement en coordonnant la sélection canine avec le sport. 

Les personnes nommées ont 3 à 6 mois pour proposer un projet, ledit projet serait lu et étudié par l’ensemble des licenciés, puis voté et proposé à nos instances. Pour ça, il faudrait également un comité de sages qui par leur vécu pourrait orienter certains sujets grâce à leur expérience et bien entendu, le résultat serait supervisé par le GTR. Dans l’idée où pour une fois, tout le monde irait dans le même sens, nous pourrions qu’aboutir. L’étude serait mise en place pour 3 ans et si ça fonctionne, on conserve la formule. Dans le cas inverse, on revient sur les bases, mais je doute que ça puisse être pire qu’aujourd’hui.



C’est une idée, mais comment as-tu vu le sport prendre le pas sur la sélection ?

Ce fut progressif, mais attention ne vous méprenez pas… le sport est une excellente chose. Il faut que nous gardions cette appellation, car nous pratiquons un sport, aujourd’hui ceci est indéniable. Sauf que nous pratiquons un sport qui a une base sélective ! Sans cette base sélective, le mot « Ring » ne veut plus rien dire. Il nous faut les 2 comme si le sport révélait l’aspect visuel du Ring et la sélection canine, ce qu’il y’a d’interne.  



C’est plus qu’une bonne définition, c’est une mission (rires) ?

Absolument, mais pour en arriver là, il a fallu du temps et ce qu’il faut comprendre, c’est que la sélection fut toujours le noyau dur de la cynophilie. Jadis les utilisateurs Bergers ou Bouviers avaient déjà ça en tête. Je me remémore souvent les explications de nos grands anciens, dont certains étaient présents lors de l’organisation des finales de Vaugirard dans les années 50. A cette époque, ils géraient les bêtes avec leur chien dans les abattoirs Parisiens. Il y’avait bien évidement le travail d’escorte du bétail, car ils cherchaient des chiens robustes au caractère imposant pour ce genre de boulot, mais après une bonne journée, ils testaient leur chien sur un autre type de terrain. 

Certains à la garde d’objet, d’autres à la défense du Maître, etc. les utilisateurs de l’époque avaient non seulement des chiens de troupeaux, mais également des chiens de défense, c’était dans leur ADN. Alors, les gars fabriquaient eux même leur protection et certains chiens travaillaient surtout muselés, en tout cas ça ne rigolait pas, bref le travail en club et le travail réel ce sont obligatoirement croisés à un moment. Du reste, les deux styles de pratiques n’étaient pas autant éloignés qu’aujourd’hui… car n’oublions pas qu’il y’avait aussi des brigades canines. 

En clair, chacun avait une sélection bien précise, mais cette sélection s’articulait souvent sur une idée « emmagasiner le maximum d’aptitudes ». Cette volonté de sélection a toujours existé, car je vous rappelle qu’au début du 20ème siècle, ce type de confrontations existaient déjà. Hélas les guerres ont fait qu’il a fallu tout recommencer, mais l’idée était bien là. C’est en conservant cette idée que les concours se sont développés, puis grâce à ces concours : une solidification des aptitudes s’est constituée, mais attention, l’appellation de l’époque était alors, concours de chien de défense et de police.



C’est dans les années 70 que ça a basculé ?

Oh même avant : nous avons vu une première mutation avec l’entrainement. Certains dresseurs entrainaient physiquement leur chien, hé oui, il n’y’avait plus d’escorte de troupeau ou de travail journalier (comme la police ou les gendarmes), il fallait bien conserver une condition physique, puisque certains chiens vivaient la journée en box. Fort heureusement, certains vivaient dans le jardin et ils courraient comme des dingues contre le grillage, ils avaient la pêche (rires). Il faut également savoir qu’à cette époque, certains étaient naturellement infatigables et c’était un point de sélection. Leur propriétaire disait qu’ils étaient « indifférents aux intempéries et capables de travailler des heures ». 

Notons qu’il y’avait peu de chiens vivant à l’intérieur des maisons (comme nous l’entendons aujourd’hui), ceci pour conserver une bonne respiration, une bonne rusticité et surtout pour éviter un embourgeoisement. Ensuite, le travail « terrain axé sur le Ring » c’est modernisé, des exercices ont changé, par exemple : la fuyante arrêtée s’est transformée en Garde au Ferme, les frappes muselées ont disparu, l’obéissance est apparue plus précise et la Catégorie 1,2,3 a remplacé l’A,B,C. L’ensemble a fait que le Ring est devenu extrêmement difficile en 3 points : physiquement, caractériellement et techniquement ! En clair, seul un bon chien pouvait obtenir son permis de conduire en Ring (c’est-à-dire le Brevet National) et par ce biais gravir les échelons. Enfin, les blouses de concours ont été raccrochées au vestiaire et les blousons de conduite au blason publicitaire ont fini de tourner une page, nous venions de rentrer de plain-pied dans le sport canin. Dès lors, l’appellation chien de défense s’est avérée obsolète.




Suite à ton explicatif, j’aurais deux questions. Voici, la première : les chiens que tu mentionnes dans les abattoirs étaient-ils de type Berger Allemand ? Et tu parles souvent d’âge d’or du ring, peux-tu donner une date et la justifier ?
Alors… je suis né en 1962 hein (rires), donc je n’ai pas connu personnellement les chiens susmentionnés, mais d’après ce qu’on m’a dit et par les photos que j’ai examinées, il ne s’agit pas de BA. Il y’avait beaucoup de Beaucerons et des gros croisés Malinois/BA, Malinois/Beauceron ou BA/Beauceron, certains à queue courte. Les BA ou les chiens de ce type étaient surtout chez les gendarmes ou les Amateurs (il y’en avait beaucoup en concours par exemple), mais il y’en avait peut-être. Du reste, je pense que ça devait changer d’une région à l’autre. Dans le Nord, il devait y’avoir plus de Bergers Belges, dans l’EST des BA, etc. Quant à l’âge d’or du Ring, je dirais 1978-79 avec la fameuse finale de Mulhouse, jusqu’en 1994 avec Aurillac. A cette époque, les sélectifs avaient une forme exponentielle, tu ne pouvais même pas te garer, c’était dingue !



A ce point-là ?
Je n’exagère pas, je t’assure… j’ai vu de mes yeux des sélectifs débuter le vendredi et ce n’était pas exceptionnel, ça arrivait régulièrement. Tu avais des régionales qui proposaient tellement d’équipes qu’il ne fallait rien rater, les passionnés prenaient une après-midi de congé pour aller aux sélectifs. Les gars filmaient, s’envoyaient des cassettes et on analysait tranquillement tout ça.




Vous analysiez quoi particulièrement ?
Les éleveurs étaient à la recherche de nouveaux étalons. Du coup qu’en quelqu’un filmait un sélectifs avec de nouveaux prodiges, on le signalait. Les compétiteurs analysaient le travail des H-A en premier. C’était un rituel ; comment untel faisait la valise, comment était la face, l’arrêtée, etc. ce n’est pas que les conducteurs craignaient quelque chose, mais c’était plus pour être préparé. Après, tu avais des amateurs purs & durs qui souhaitaient simplement conserver des traces et ainsi, se créer une collection d’année en année. 




Je suppose qu’il y’avait plus d’amateurs dans le sens large du terme qui collectionnaient, les compétiteurs étaient surtout concentrés sur leur parcours ?
Non... c’était un ensemble, tu avais des cynophiles « éleveur, dresseur, H-A » qui s’amusaient à filmer pour leur culture ou le partage, mais tu avais également des conducteurs aguerris qui possédaient et possèdent toujours une belle collection. Yves Devezeaud a une collection exceptionnelle, il m’avait d’ailleurs confié de nombreuses copies. François Lelevier aussi, imaginez qu’il avait encore du Bétamax et puis, certains Cynos avaient carrément démarré au Super 8. Tout ça, petit à petit et d’échange en échange a fait que nous avons conservé des traces depuis des décennies.


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